À l’évidence, le changement climatique est un problème global, qui appelle des régulations internationales, négociées dans un cadre multilatéral. Mais il ne saurait s’y limiter : en ne tenant pas compte de sa dimension locale, la communauté internationale, et certaines ONG environnementales, tendent à masquer des injustices d’autant plus marquées que les réponses proposées font toutes appel au marché. Les peuples et tribus indigènes d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont parmi les premiers à en subir les conséquences et leurs luttes sont violemment réprimées, comme en Amazonie brésilienne, dont les peuples s’opposent à des exploitants forestiers soutenus par l’inaction du gouvernement local comme fédéral. La lutte des habitants du Gleba Nova Olinda en est un exemple.

Après une décennie de plaintes ignorées, de négociations infructueuses avec le gouvernement et d’innombrables menaces contre leurs meneurs par les bûcherons et leurs hommes de main, les habitants de la région d’Arapiuns en Amazonie brésilienne ont lancé une protestation publique contre l’exploitation forestière illégale sur leurs terres. Plus de 500 personnes issues de 40 communautés sont venues dans leurs rabetas (pirogues avec des moteurs hors-bord) pour bloquer le fleuve Arapiuns et empêcher l’activité forestière dans le Gleba Nova Olinda. Les manifestants ont alors saisi deux barges de bois.

Leur mobilisation a duré plus d’un mois ; les représentants des gouvernements fédéral et de l’Etat les ayant tour à tour ignorés ou leur ayant répondu de manière évasive. Finalement, les manifestants excédés ont décidé d’envoyer un signal fort. Le 12 novembre, suite à une deuxième réunion avec les représentants des gouvernements fédéral et de l’Etat qui n’a de nouveau offert aucune solution à leurs problèmes, ils ont mis le feu aux barges.

Le Gleba Nova Olinda recouvre 172.900 hectares entre le Maró et la rivière Aruá, à la source du fleuve Arapiuns dans la municipalité de Santarém. Ses ressources naturelles sont indispensables à la survie de la population de l’Arapiuns. La mobilisation réunit 14 communautés de toute la région dans le « Mouvement pour la Défense de la Vie et de la Culture de l’Arapiuns ».
Les communautés autochtones et paysannes du Gleba Nova Olinda ont adressé une pétition au gouvernement pour que soient légalement reconnus leurs droits territoriaux depuis la création de la Réserve Extractive |1| du Tapajos-Arapiuns il y a 13 ans. Au cours de la dernière décennie, les programmes d’échange de terres domaniales et les incitations au développement ont attiré les bûcherons et les potentiels cultivateurs de soja dans le Gleba Nova Olinda. Cet afflux a provoqué des conflits relatifs au foncier et aux droits aux ressources avec les habitants de la région qui ont rapidement tourné à la violence. La violence et les menaces sont un moyen commun de résolution des conflits dans l’État du Pará, où les ressources précieuses telles que le bois engendrent des conflits aux enjeux élevés et où l’application de la loi par l’État est minime.

Les compagnies forestières ont divisé les communautés dans la région, multipliant les conflits au-delà de la traditionnelle confrontation entre bûcherons, spéculateurs fonciers et communautés. Les entreprises ont coopté certaines communautés, achetant leur soutien à bon prix, en offrant des infrastructures que le gouvernement n’a jamais fournies, telles que des générateurs et des bâtiments communautaires, ou des emplois qui transforment les habitants de la région en agents de la déforestation. La plupart des habitants, cependant, continuent de protester contre la présence des bûcherons.

Les communautés du Gleba Nova Olinda, le syndicat des travailleurs ruraux et la Commission foncière pastorale ont travaillé pendant trois mois pour élaborer un plan d’occupation des sols qui garantisse les droits des habitants. Ce plan est le résultat d’années de discussions entre les communautés du Gleba Nova Olinda, et plus largement de la région d’Arapiuns. Malgré tous leurs efforts, le gouvernement de l’État a choisi d’ignorer leur proposition et de retenir celle présentée par les compagnies forestières et les coopératives qui réclament illégalement des terres et des ressources dans la zone |2|.
Le gouvernement de l’État du Pará a effectivement décidé de ne pas expulser les bûcherons et les spéculateurs fonciers opérant dans les territoires traditionnels et autochtones. Au contraire, la proposition a permis la mise en place de onze « plans de gestion durable » et réduit la taille du Projet de peuplement dans le cadre de la réforme agraire –et agro-extractive- de Vista Alegre (Vista Alegre Agro-extractive Agrarian Reform Settlement Project) de 25 000 à 5.000 hectares.

Pendant ce temps, le processus juridique qui vise à reconnaître et à délimiter les territoires autochtones par la Fondation nationale des Indiens (FUNAI) est au point mort depuis des années |3|. La réticence de la FUNAI à délimiter la zone a permis aux bûcherons de la région et au gouvernement de l’Etat de continuer à ignorer les droits des autochtones Borari-Arapiun en construisant des routes forestières, en avalisant des plans de gestion et en refusant d’appliquer les réglementations en matière d’exploitation forestière et de régime foncier à l’intérieur du territoire indigène.

Transformer les terres et les ressources en marchandises

Dans l’Etat du Pará, l’offre abondante de ressources naturelles a conduit à une corruption institutionnalisée. En combinant manipulations juridiques et violations de la loi en toute impunité, le gouvernement encourage et favorise souvent les crimes environnementaux dans la région. Comme le dit Leal Aluzio, universitaire amazonien : « En fin de compte, ce sont les autorités qui ont le pouvoir de faire obstacle ou de permettre l’illégalité, ce sont elles qui sont investies du pouvoir institutionnel. Et donc l’illégalité, lorsqu’elle est « libérée », s’exprime sous diverses formes de transgression allant du « clairement illégal » au « soi-disant légal » ; elles sont « protégées » par la loi. |4| »

Les récents changements concernant l’usage des terres et la répartition territoriale de l’Amazonie brésilienne suivent en gros deux directions. Il y a eu une forte poussée pour que les droits ethniques et culturels à la terre soient reconnus aux peuples indigènes et autochtones, suite à d’importants mouvements de base et à la signature de conventions internationales. Les populations autochtones, les quilombolas (descendants des communautés d’esclaves fugitifs), les populations « traditionnelles », les paysans sans terre et la nature se sont vu gratifier de polygones |5| sur les cartographies « écologiques et économiques » du plan régional amazonien créé à l’initiative de la Banque mondiale pour mettre en place « un développement durable et participatif |6| » sur le territoire.

Le nouveau modèle inspiré par la Banque est conçu pour faciliter un tout autre objectif de redistribution territoriale et de développement économique. Il vise plutôt le développement de grandes infrastructures et l’ouverture de nouvelles zones pour l’exploitation forestière et l’extraction minière, l’agriculture industrielle et l’élevage. Les plans de Zonage Economique et Ecologique (ZEES en portugais) sont destinés à intégrer les préoccupations environnementales et sociales dans le schéma de développement économique de l’Amazonie. Ils sont devenus un outil pour « verdir » le développement économique du Brésil. Le dernier schéma de développement économique du Brésil, le Programme de Croissance Accélérée (PAC-Programa de Aceleração ne Crescimento) alloue 95 milliards de dollars sur quatre ans pour la construction d’autoroutes, de voies navigables et de barrages en Amazonie.

Le plan de zonage économique et écologique pour l’Ouest du Pará (ZEE-Oeste do Pará) a été pensé pour répondre aux préoccupations environnementales entourant le projet du PAC d’ouverture de la route Santarém-Cuiabá (BR 163). La route Santarém-Cuiaba est la seule qui traverse l’Amazonie du sud au nord et potentiellement, elle est la façon la plus rapide d’acheminer directement les récoltes de soja du sud du Brésil jusqu’au fleuve Amazone pour partir ensuite vers l’exportation. Le plan de zonage écologique et économique divise la région en plusieurs zones avec des affectations fort différentes.

En 2009, le gouvernements de l’État comme le gouvernement fédéral ont rapidement adopté une série de lois et de politiques qui facilitent le changement d’affectations des terres décrites dans le ZEE. Ces lois organisent le territoire d’une nouvelle manière et modifient les fonctions de l’Etat pour faciliter le développement économique régional, en créant notamment de nouveaux types de désignation des terres qui assouplissent la réglementation et facilitent l’obtention de concessions pour l’exploitation forestière, l’agriculture et l’extraction minière. Certaines lois créent aussi des titres fonciers pour de nouvelles terres ou des concessions à usage collectif.
D’autres lois ciblent le code forestier du Brésil. Le ZEE réduit efficacement la quantité de terres que les propriétaires fonciers doivent maintenir comme forêt au titre de la conservation, de 80% à 50% de leur propriété dans de nombreux cas |7|. Une mesure est actuellement débattue pour permettre aux éleveurs d’acheter des zones de réserve en dehors (et loin) de leurs propriétés afin de déboiser davantage leurs propres terres, y compris dans des zones qui sont protégées (cf. ce lien).

Les terres autochtones et les aires de conservation sont prétendument protégées du développement, tandis que toutes les autres zones sont consacrées à la « consolidation » ou à l’ « expansion » des activités productives pour les marchés internes et externes, tels que de l’élevage, l’agriculture industrielle et l’exploitation forestière (Voir la loi Nº 7.243, déjà citée). Une fois ces aires délimitées, diverses lois et politiques contraignent leur fonctionnement conformément à leur désignation de ZEE. Le Gleba Nova Olinda est désigné comme zone d’expansion, ce qui donne priorité au développement sur la conservation et permet aux développeurs d’obtenir des licences pour les activités productives mentionnées ci-dessus.

L’ambigüité du régime de propriété foncière est considérée comme un obstacle au développement dans l’État du Pará. Très peu de gens possèdent des droits de propriété certifiés, sous la forme de titres officiels, et une grande partie de l’État est terra devoluta, non affectée mais souvent occupée, les terres étant aux mains du gouvernement fédéral. Dans le Pará, environ 30 millions d’hectares sont ainsi occupés par des personnes qui ont pris possession des terres illégalement |8|. Les programmes d’attribution de titres fonciers, les projets de peuplement dans le cadre de la réforme agraire et les zones de conservation ont pour but de proposer des solutions à ce problème.

Les lois telles que « Terra legal », adoptée en 2009, va légaliser toutes les revendications territoriales jusqu’à 1.500 hectares sur les terres fédérales d’Amazonie brésilienne. L’Etat du Pará a adopté une loi similaire relative aux terres de l’Etat. Ces lois rationalisent le transfert des terres publiques vers la propriété privée.

Les mouvements sociaux, ainsi que des hommes politiques de gauche et certains scientifiques, ont critiqué cette loi car elle permet potentiellement de légaliser des terres obtenues illégalement. Ces lois ont également été critiquées car elles favorisent la marchandisation à grande échelle des terres et sont détournées pour le plus grand bénéfice des grands propriétaires terriens et des voleurs de terre, connus sous le nom grileiros |9|. Le président Luiz Inácio da Silva a accompagné à Harvard le professeur Mangabeira Unger, nommé à l’occasion secrétaire particulier pour les sujets stratégiques, afin qu’il y mène les tractations politiques nécessaires à l’adoption de cette loi -convaincre les législateurs, passer des accords, et faire bénéficier ce projet du prestige de Harvard. Unger a démissionné et est retourné aux États-Unis deux jours après que la loi soit votée.

Les territoires autochtones et les aires de conservation sont souvent traités comme si elles étaient « en dehors du marché » ; néanmoins les conflits sur l’utilisation des terres dans ces régions montrent que pour peu qu’elles contiennent des ressources viables, il est peu probable qu’elles soient sauvées de l’exploitation. Les longs délais qui existent pour que ces zones soient légalement protégées créent de grandes fenêtres d’opportunité pour extraire rapidement les ressources avant que ne s’active le régime de protection. Cette situation est une pratique courante |10|. La taille des projets de peuplement dans le cadre de la réforme agraire et des nouvelles zones de conservation se réduit de plus en plus par rapport à celle figurant à l’origine dans la pétition, et ce pour satisfaire les besoins de l’exploitation forestière et les intérêts miniers.

Le cas de la Réserve Extractive Renascer

La réserve extractive Renascer a été créée comme zone de conservation dans le ZEE le 5 juin 2009, après une décennie de luttes. Les communautés de la région ont commencé à faire pression pour la création d’une réserve lorsque de grandes sociétés d’exploitation forestière telles que Madenorte se sont installées dans la région à la fin des années 1990 et ont occupé le territoire et établi leurs frontières avec menaces et violence. Les organismes fédéraux de régulation ont ignoré les innombrables demandes pour débarrasser la région des bûcherons. En 2006, les habitants de Santa Maria do Uruará ont pendant trois mois mis en place toute une série d’actions : fermeture de la route vers le port, séquestration des barges de bois, et finalement incendie d’une barge transportant 1.000 mètres carrés de bois.
Ce n’est qu’après l’incendie des barges que le gouvernement a enfin donné sa réponse. En décembre 2006, le gouvernement fédéral a lancé l’ « Opération Renascer » contre l’abattage illégal, qui a permis d’arrêter neuf personnes et de stopper l’exploitation forestière illégale dans la région pendant un certain temps. Trois ans plus tard, la réserve n’a cependant toujours pas été établie et les mêmes bûcherons sont revenus dans la région. Les compagnies forestières, leur personnel et leurs infrastrcutures sont également toujours les mêmes. Elles ne font que changer de nom, tout en maintenant leurs pratiques. Par exemple, l’entreprise Madenorte opère maintenant sous le nom de Jaurú, en utilisant la même usine et les mêmes installations portuaires à l’intérieur de la réserve.
Suite à des négociations entre l’Etat, le gouvernement fédéral, le WWF et des membres du syndicat des travailleurs ruraux et du syndicat des pêcheurs, la Réserve Extractive Renascer a été créée en juin ; sa superficie représente la moitié de celle initialement proposée. La portion de la réserve qui contient les ressources minérales potentielles, la grande majorité de la forêt primaire et les sources des trois rivières de la région a été exclue, selon les hauts fonctionnaires de l’Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio), qui a en charge la gestion des unités de conservation au Brésil, souvent dans l’intérêt des bûcherons et des mineurs. Avec la création officielle de la réserve, la vitesse à laquelle le bois a été débité et est sorti illégalement du territoire a augmenté de façon exponentielle. Les résidents du secteur signalent que jusqu’à cinq barges contenant entre 1.000 et 2.000 mètres cubes de bois chacune quittaient la zone chaque jour.
En réponse aux dénonciations répétées des membres de la communauté, l’Institut Chico Mendes et le SEMA, le secrétariat d’État à l’environnement chargé de l’application des règlements en matière d’exploitation forestière sur les terrains fédéraux et ceux de l’Etat dans l’État de Pará, assurent qu’ils ne peuvent rien faire sans passer par de longs processus bureaucratiques. Ils disent qu’ils ont besoin d’informations plus spécifiques, telles que des données GPS et des photos, moyens dont ne disposent pas les communautés et qui sont dangereux pour elles d’obtenir. L’action et l’inaction du gouvernement expédient des terres et des ressources, en théorie protégées, directement vers le marché.
Le 27 novembre, les habitants de Renascer et de Santa Maria Uruará, qui se trouvent à la limite de la réserve, ont décidé qu’ils ne pouvaient plus attendre que le gouvernement agisse. Ils ont installé un campement à la limite de la réserve où les rivières Tamataí et Uruará se rejoignent. Ils ont informé les bûcherons et les autorités municipales, étatiques et fédérales qu’ils ne permettraient plus à aucune barge chargée de bois de passer. Une barge qui descendait la rivière s’en est immédiatement retournée à son port de départ et aucune péniche n’a passé le blocus depuis plus d’un mois.
Après plusieurs semaines pendant lesquelles les communautés ont campé au bord de la rivière, l’Institut Chico Mendes a publié une ordonnance de fermeture du port. Un juge municipal a également ordonné que le port soit fermé jusqu’à ce que les lois contre l’exploitation forestière illégale au cœur de la réserve soient appliquées. Toutefois, l’exploitation forestière dans la réserve ne s’est pas arrêtée, et les gouvernements municipal, étatique et fédéral ont continué à prétendre que le manque de ressources rendait l’exécution de la décision du juge prohibitive. Les membres de la communauté continuent à subir au quotidien des menaces venant des avions et des bateaux qui passent sur le territoire, ainsi que des menaces verbales. Plus de 200 personnes ont campé à l’embouchure de la Tamataí, empêchant toute sortie des barges et exigeant l’intervention du gouvernement.
Suite à une tentative avortée de soudoyer les membres de la collectivité pour permettre la reprise des activités forestières illégales, le 3 janvier dernier, les exploitants ont embauché des hommes armés pour apporter leur bois sur le marché. Quand ils sont arrivés au campement et que les membres de la communauté ont bloqué le fleuve avec leurs canots, les hommes armés ont ouvert le feu. Deux membres de la communauté ont été tués. Les barges de bois ont pu passer et être acheminées au marché.

Interventions

Les actes de désobéissance civile menés par les mouvements sociaux pour attirer l’attention sur les violations de leurs droits sont criminalisés dans la presse, délégitimés par des ONG internationales qui prétendent les avoir soutenus et font, de plus en plus, l’objet de poursuites judiciaires |11||. Les dirigeants des mouvements à la fois de l’Arapiuns et de Renascer ont été interpellés par la police et menacés d’emprisonnement, tandis que les bûcherons continuent à agir en toute impunité. Ces actes, semblent cependant être les seules alternatives qui entraînent une réponse de la part du gouvernement et contraignent ceux qui ont commis des crimes à reculer.
Les gouvernements du G20, la presse, la plupart des grandes ONG internationales environnementalistes et de nombreux scientifiques ont salué les actions de conservation en vue du développement, régies par des mécanismes de marché, comme le meilleur moyen de sauver l’Amazonie. Mais ces politiques se révèlent rapidement insuffisantes, conflictuelles et contre-productives, comme en témoigne ce qui se passe dans les cas de la Gleba Nova et de Renascer. Les coûts sociaux et environnementaux de la mascarade écologique de ce type de développement intrinsèquement destructif sont énormes. Les problèmes épineux des débats post-Kyoto, l’actuelle crise économique mondiale et les multiples crises du paradigme néolibéral créent un contexte d’accélération de l’exploitation au moment même où les dirigeants du monde s’engagent à contrecœur pour la conservation.

Si les pays et les organisations du Nord veulent vraiment arrêter la destruction des forêts et la disparition des peuples des régions tropicales, ils doivent reconnaître, valoriser et mettre en œuvre la myriade d’approches alternatives au marché, pour promouvoir la conservation. Les peuples des forêts sont ceux qui peuvent garantir, par leurs connaissances et leurs pratiques diverses, la survie de ces forêts.

Les bureaucrates du G20 feraient bien d’apprendre de ces peuples. Commencer par reconnaître que nos modes de consommation et de gouvernance internationale sont directement responsables d’une grande partie de la destruction de la planète permettrait d’élaborer un paradigme plus réfléchi.

La communauté internationale peut servir plus efficacement la conservation de l’Amazonie en accordant une attention particulière aux questions soulevées dans les débats locaux, plutôt que d’appliquer partout le discours généralisé de la « gouvernance » et de proposer des solutions fondées sur le marché aux problèmes liés aux modes de consommation mondiale. Il serait plus raisonnable de faire pression sur le gouvernement local et le gouvernement fédéral, afin qu’ils reconnaissent et respectent les droits des peuples à administrer leurs propres territoires et ressources en pratique, non pas seulement dans les discours.

Ce texte n’est pas un appel romantique au localisme, il soulève une importante question de souveraineté politique. Le peuple du Gleba Nova Olinda et de la réserve extractive Renascer ne devrait-il pas disposer du droit de déterminer son identité, de tracer les frontières de ses territoires et de décider comment les ressources et les terres doivent y être gérées ?

Article initialement paru sur Counterpunch

Traduit par Morgane Iserte, dans le cadre du projet M-e-dium


|1| NdT : « zone de forêt pour laquelle des droits d’usage sont octroyés par le gouvernement aux résidents dont les besoins et coutumes dépendent de l’extraction des produits forestiers. » (http://www.biodiv.be/glossary_keywo…)

|2| Treccani, G.D., 2009, Regularizacao Fundiaria da Regiao Mamuru Arapiuns, Presentation Power Point, Ideflor Seminar, Santarem.

|3| Le processus de reconnaissance des droits autochtones sur les terres commence par une enquête anthropologique sur l’histoire et la culture des peuples, ainsi qu’une enquête géographique sur l’ensemble de leur territoire. Un rapport de synthèse est publié dans le registre fédéral, et les parties intéressées disposent d’un délai de 90 jours pour contester la délimitation de la zone. Tous les documents sont ensuite envoyés au ministère de la Justice qui annonce officiellement la démarcation. La démarcation physique des frontières est mise en œuvre par un tiers engagé par le gouvernement. Le travail d’enquête anthropologique et géographique pour le Gleba Nova Olinda a été achevé en 2007. Le rapport de synthèse n’a toujours pas été publié.

|4| Leal, Aluizio, Trabalho Escravo Os porquês da questão ? Texte en portugais, pas encore publié

|5| NdT : Ce terme de polygone est utilisé dans le cadre des « systèmes d’information géographique » (SIG). Un SIG « est un système d’information capable d’organiser et de présenter des données alphanumériques spatialement référencées, ainsi que de produire des plans et des cartes. Ses usages couvrent les activités géomatiques de traitement et diffusion de l’information géographique. La représentation est généralement en deux dimensions, mais un rendu 3D ou une animation présentant des variations temporelles sur un territoire sont possibles. L’usage courant du système d’information géographique est la représentation plus ou moins réaliste de l’environnement spatial en se basant sur des primitives géométriques : des points, des vecteurs (arcs), des polygones ou des maillages (raster). » source Wikipédia

|6| ACSELRAD, Henri, O Zoneamento Ecológico-Econômico da Amazônia e o panoptismo imperfeito, P&A Editora : Rio de Janeiro, 2002

|7| Voir la loi Nº 7.243, du 9 janvier 2009. Alors que le code forestier stipule que 80% de la forêt doit être conservée comme réserve, déclarant que si l’on détient des terres qui sont déboisées à plus de 80% alors ces terres doivent être reboisées, le ZEE a modifié cette exigence. Les propriétaires fonciers qui ont déjà été autorisés à utiliser leurs terres peuvent continuer à l’exploiter plutôt que de les reboiser, et ce sur 50% de la surface.

|8| Benatti 2007.

|9| Pour avoir un exemple, lire la lettre ouverte de Marina Silva sur cette mesure, http://www.socioambiental.org/nsa/d….

|10| Benatti, J.H., 2007, Internacalizacão da Amazônia e a questão ambiental : o direito das populações tradicionais e indígenas a terra, Revista Amazônia Legal de estudos sócio-jurídico-ambientais, 1(1) : 23-39

|11| Voir par exemple “Moradores incendeiam balsas com Madeira no Pará,” |->http://www.greenblog.org.br/?…