« Nature & Progrès » est une fédération de consommateur.trice.s et de professionnel.le.s qui défend le modèle de l’agro-écologie paysanne. Association solidaire, « Nature & Progrès » (N&P) porte depuis 1964 un projet de société autour de l’agriculture biologique en refusant de limiter cette dernière à une course technique à la certification européenne. Jean-Pierre Anglade, président du groupe N&P Ile-de-France, décrit les vicissitudes du label européen et une démarche de marché de niche qui s’y installe. Le projet de la fédération articule l’agriculture écologique et la participation, promeut les circuits courts, l’approvisionnement local et une réappropriation des territoires ruraux et agricoles face à l’hégémonie des territoires urbains. La fédération continue d’attribuer la mention « Nature & progrès » aux produits qui répondent à ses cahiers des charges co-construits par les adhérents producteur.trice.s et consommateur.trice.s, visant à garantir une démarche agronomique solidaire et participative.
Mouvements (M.) : Pouvez-vous nous raconter l’évolution de Nature & Progrès depuis sa création ?
Jean-Pierre Anglade (JPA) : Je suis adhérent de N&P depuis le début des années 70. Nature & Progrès (N&P) est née dès 1964 autour du projet militant de faire reconnaître l’agriculture biologique. Après la Seconde Guerre Mondiale, dans le contexte de la reconstruction, il convenait de relancer la production agricole et de nouvelles méthodes de culture mobilisant des engrais chimiques de synthèse étaient en expansion. Elles ont été renforcées à l’occasion du plan Marshall car les Américains ayant déjà commencé à développer les principes de l’agriculture chimique sur leur territoire, avant et pendant la guerre. C’est cette voie qui a été majoritairement suivi en France pendant et après la reconstruction. Cela a-t-il été réellement anticipé dans les détails ? On disait qu’il fallait répondre aux besoins de la population. Pourtant cette intensification industrielle de la production agricole participait de l’idéologie scientifique et économique dominante ! Aussi, certains pionniers de la Bio avaient déjà dénoncé depuis le début du XXème siècle les problèmes potentiels avec cette agriculture hors sol. La diffusion de l’ouvrage « Le Testament Agricole », publié en 1940 par Sir Albert Howard le fondateur de la « Soil Association » (association britannique de promotion de l’agriculture naturelle créée en 1946), a été un des points de départ de la réflexion en Europe sur l’agriculture agro-écologique. N&P est née, dans le sillage de ces mobilisations, du rassemblement de plusieurs personnalités issues de ces structures contestataires. A l’époque, on ne parlait pas encore de bio, mais d’agriculture naturelle, ou écologique. Cet objectif d’émergence de l’agriculture biologique a rassemblé des agronomes, des médecins, des paysans, des citoyens, … Depuis les premiers mouvements, il était sensible que le bio allait devenir un réel projet de société et pas seulement un enjeu de techniques agricoles.
A cette époque, quand on parlait d’agriculture biologique, on nous riait au nez et le préfet de la Seine disait « vous ne pouvez pas vendre quelque chose qui n’existe pas ». Aussi, avec notre mobilisation et celles d’autres structures associatives, la Bio a été reconnue par l’Etat en France en 1981 avec une commission issue de cette émergence pour participer à la construction d’une politique publique sur le sujet. C’est dans ce contexte que les cahiers des charges des associations pionnières ont été homologués par l’état français entre 1986 et 1988.
Mais, à partir de 1991, avec le développement de la règlementation européenne sur la Bio c’est le Ministère de l’agriculture, et non plus la sphère des associations pionnières privées, qui a endossé le rôle de pilote des actions de gestion de l’agriculture Bio et à terme l’Agence Bio (Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique). A partir du règlement européen, la Bio devient institutionnelle et n’est plus gérée sur le modèle associatif issu de sa création et de son homologation. Elle se développe à travers les instances européennes qui instituent la certification de la Bio par les organismes certificateurs.
Avant cette institutionnalisation, beaucoup des paysans bio et des producteurs bio étaient adhérents de N&P. A partir du moment où les institutions publiques sont devenues les instances de la Bio, il y a logiquement eu une baisse du nombre d’adhérents N&P et une réflexion sur le projet initial de la fédération. Malgré les hauts et les bas, nous sommes restés une association avec pour objectif la promotion d’une réelle alternative du modèle agricole industriel et pour la défense d’une Bio qui ne soit pas compris seulement par un ensemble de règles techniques ! Mais N&P n’est pas la seule structure à être restée dans la sphère associative : c’est aussi le cas de Demeter (qui défend la biodynamie) et des Simples par exemple. Il a fallu faire une différence entre le mouvement de la bio et l’agriculture biologique portée aujourd’hui par les pouvoirs publics.
N&P appartient au mouvement de la Bio. Il a d’ailleurs participé à la fondation d’IFOAM, la Fondation internationale d’agriculture biologique, en 1972 à son Congrès de Versailles, avec la Soil Association, et avec trois ou quatre autres structures. Dès cette époque, il est apparu essentiel de promouvoir l’idée de cette alternative agricole internationale. L’IFOAM existe toujours et organise un congrès tous les quatre ans. Quand à IFOAM Europe, c’est une structure de lobbying, qui vise à faire contrepoids à l’institutionnalisation de la Bio.
Jusqu’à 1991, l’objectif de N&P était clair : il s’agissait de faire reconnaitre la Bio. A partir de cette date, l’Union Européenne a reconnu et labellisé l’Agriculture Biologique et l’objectif de l’association a du évoluer. La Bio étant reconnue, tous ceux qui espéraient, à bon droit, se reconnaître de l’agriculture biologique, ont pu se lancer. Aujourd’hui, avec le règlement européen, il suffit de se faire certifier pour ce dernier. Cette existence donne le cadre de ce qu’il est possible de faire ou non. C’est une façon de répondre à la demande. Pour de nombreux consommateurs, la crise de la vache folle a été un vrai traumatisme : ce qui était caché jusque-là a été déballé sur la place publique. Après 1995, la demande d’une autre agriculture est devenue plus importante et la problématique d’une agriculture biologique est devenue crédible et intègre aussi son aspect écologique et environnemental. Le label européen a créé un cadre technique et des normes définissant l’Agriculture Biologique. Mais il a aussi créé une niche économique et agronomique, appuyée sur une partie des consommateurs : c’est une marque qui apporte de la valeur ajoutée.
L’objectif de la fédération N&P n’a jamais été de se contenter de cette logique de niche et d’en rester là. Depuis le début, on milite pour une alternative agricole et agronomique et ce projet est plus que jamais d’actualité. Cette idée s’est concrétisée dans les années 1997/1998 avec la création d’une charte proposant déjà une alternative agro-écologique, mais aussi économique et sociale.
M: En quoi elle consiste cette charte ?
JPA : Dans cette charte, on n’a pas formalisé un projet de société en disant « voilà ce qu’il faut faire ». C’est simplement des engagements incitatifs dans certains domaines, pour montrer qu’en allant vers cela, on construit ensemble quelque chose de différent. Elle se rapproche des premiers cahiers des charges de l’agriculture biologique qui étaient des obligations de moyens. L’obligation de moyens, c’est de dire que si tout le monde fait comme nous, on avance ensemble vers la réalisation des objectifs d’un modèle avec en retour des résultats sur la production. Toutefois, les règlements actuels ont des velléités à réfléchir à des obligations de résultats stricto sensu. Une obligation de résultat, dans un label, consiste à dire – je caricature – « une fois que la production est faite, je fais une analyse » et si je suis en dessous d’un taux qui est interdit, c’est bon, et dans ces cas-là, je valide un résultat. Cela semble important, mais avec ce protocole je ne valide pas le savoir-faire. Or, un projet de société, c’est se rencontrer, essayer de comprendre, améliorer les pratiques, essayer d’inventer des pistes, etc. Cela s’inscrit dans un projet qui se fédère socialement, économiquement, agronomiquement, et même artistiquement pourquoi pas !
Bien sûr, il faut quand même que ça marche, mais ce n’est pas uniquement le résultat qui est au centre, car ce n’est pas un processus d’ingénierie industrielle. L’industrie, construit des robots, des choses artificielles qui peuvent parfois nous servir, mais pour lesquels, il est obligatoire qu’il réponde à des critères qui conditionnent son fonctionnement en tant que machine.
Le principe d’organisme certificateur, ça ne date pas de la bio, ça existait bien avant dans l’industrie. Dans ce cas-là, ce qu’on essaye de valider, c’est que la construction corresponde aux normes de fonctionnement. A rebours, l’agriculture biologique s’intègre dans le vivant qui n’est pas de l’ordre de la norme. Elle a une dimension collective, promeut l’amélioration des pratiques par la concertation, par le consensus, l’échange Les systèmes de garanties participatifs que nous mettons en œuvre participent de ces objectifs.
M: La majorité s’oriente vers le bio très technique de l’UE, et vous continuez à promouvoir une voie alternative. Est-ce compliqué de défendre une alternative à quelque chose qui est déjà perçu comme alternatif ?
JPA : De fait, nous ne sommes plus, par le règlement, de l’agriculture biologique. Réglementairement, un agriculteur N&P ne pourrait pas dire qu’il fait de l’agriculture biologique. Depuis 1991, l’Union européenne a imposé le fait que faire de l’agriculture biologique, c’est respecter le règlement européen et être certifié par un organisme certificateur agréé. Or cette démarche ne rencontre pas exactement notre philosophie.
Nous fonctionnons autrement : avec des systèmes de garantie participatifs (reconnu par IFOAM). Ils ne sont pas reconnus par les instances européennes, mais ils sont une alternative citoyenne à la certification, notamment en Amérique du sud.
Malgré tout, nous continuons à exister ! Et d’autres structures, qui ne se reconnaissent pas de la bio, mais qui sont agro-écologiques se sont développées comme le mouvement AMAP, le mouvement de l’agriculture paysanne, d’autres mouvements qui par un autre cheminement ont eu la même prise de conscience. Mais aujourd’hui, en Europe, être de l’agriculture biologique, c’est être certifié par un organisme certificateur et pour le règlement européen. Dans chaque pays, chaque structure doit être plus ou moins en lien avec un organisme plus ou moins institutionnalisé et centralisé. Nous, ce qu’on cherche à défendre, c’est le cadre d’un projet de société issu de l’agroécologie paysanne.
M: Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans le système actuel ? Quels sont les enjeux actuels pour la Bio ? On pense aux OGM évidemment…
JPA : Dans la bio institutionnelle, les semences OGM sont interdites. C’est le cas dans le règlement européen comme dans les cahiers des charges N&P, Déméter (Label internationale en agriculture biodynamique), et les autres. Dans le cahier des charges européen, il y a cependant une limite de contamination jusqu’à 0,9%. Mais il s’agit bien d’une contamination autrement dit d’une présence fortuite d’OGM du fait de la pollinisation et autres contaminations. C’est l’existence de cette limite de 0,9% qui produit un effet de règlement d’encadrement de marque. A partir du moment où vous avez fixé un label, le problème est de l’encadrer par des exclusions ou des inclusions et de discuter le niveau du seuil. Pour l’instant en France, contrairement à l’Espagne ou au Mexique, il n’y a pas d’OGM autorisés à la culture ou utilisés par détournement, pour les animaux, etc., sauf pour le maïs, ou les OGM cachés. Le taux de contamination des produits est généralement inférieur à 0,9%. Mais si les OGM se diffusent, la contamination va se répandre et s’accentuer et il est certain que des actions de lobbying auprès de la Commission européenne pourraient viser à modifier le seuil en le passant à 1,2% par exemple. Dans un autre contexte, c’est une situation qu’on a déjà connue après Fukushima quand les seuils de dangerosité des radiations ont été modifiés face à l’ampleur de la catastrophe.
Pour nous, il s’agit d’une question beaucoup plus large : l’agriculture biologique ne peut pas cohabiter avec les semences OGM. C’est impossible : on ne peut pas empêcher la pollinisation et donc, il y a un moment où on ne pourra plus lutter contre la contamination. C’est ce qu’on essaie de faire comprendre aux gens : il faut choisir soit l’agriculture biologique, soit les OGM mais il n’y a pas de coexistence possible. Les OGM, on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finit. Comme vous le voyez, notre projet va totalement à l’encontre de la logique de niche (c’est à dire une partie de l’agriculture bio, mieux rémunérée et l’autre conventionnelle ouverte aux OGM). Notre ambition ne peut être défendue que si on a pour objectif de généraliser le bio. On voudrait que tout le monde fasse du bio !
On ne peut absolument pas se satisfaire de cette agriculture de niche et de cette labellisation si à côté, on continue à faire des recherches sur les OGM, ou à reporter les échéances des plans « Ecophyto » (plan national de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires), si les investissements économiques se détournent du bio, si la Bio n’est pas reconnu dans la recherche à l’INRA, etc. C’est ça l’objectif pour N&P : que tout le monde produise et consomme bio, pour que le fléau soit arrêté. Un changement de modèle agricole.
M: Votre démarche participative concerne les producteurs comme les consommateurs ? Comment N&P s’inscrit dans le territoire rural ? Comment le projet de société se décline sur le territoire rural ?
JPA : De manière générale, tous les membres de N&P sont des adhérents associatifs, qu’ils soient producteurs, professionnels ou non (consommateurs). La fédération N&P est une fédération de groupes N&P. Un groupe N&P est une association qui rassemble les adhérents d’un même lieu géographique (département ou région). C’est l’ensemble de ces groupes associatifs qui forme la fédération Nature & Progrès. La fédération s’organise autour d’assemblées, de réunions, de conseil fédéraux et de commissions de ses groupes et des adhérents qui les composent. Chacun participe localement, mais il y a des choses plus générales qui peuvent être répercutées au niveau national. De ce fait, N&P émane de l’action des groupes et de leurs adhérents, et chacun selon sa particularité, participe à la bonne marche générale. Les enjeux associatifs se projettent collectivement. Puis, il y a la mention de N&P, c’est quelque chose qui a été créé en 1972 pour montrer véritablement quelles sont les conditions de production. Les professionnels, ce sont des adhérents qui mettent en œuvre les cahiers des charges de la mention, mais les autres sont aussi des adhérents qui se retrouvent dans les actions et les systèmes de garantie participatifs.
Dans la charte, il y a un objectif de construction et de réalisation. Il est vrai que, pour des raisons historiques, il y a plus de groupes ruraux que de groupes citadins. Donc c’est évident que si un groupe a beaucoup de producteurs, il va être plus proche d’autres structures de producteurs institutions agricoles … surtout si le territoire est plus restreint. Pour le groupe Ile-de-France, sur 5 départements, c’est différent, aussi parce que la Région IDF est large et que d’une façon générale il y a peu d’agriculteurs en agrobiologie.
M: En Ile-de-France, comment vous influez, concrètement, sur la production ? Comment vous parvenez à inciter les consommateurs et les producteurs à s’insérer dans le projet de société défendu par N&P, ou qui s’en rapproche ? Quelles sont les mesures qui sont à votre disposition pour le faire ?
JPA : Nous essayons d’être présents auprès d’autres structures, de participer à des événements, comme le salon Marjolaine, et puis d’essayer de voir quels sont les chemins qui peuvent nous permettre d’aller plus loin. Il est évident que si vous êtes dans un groupe où il y a 60% de producteurs, le réseau local se fera au niveau de la production, tandis que quand vous êtes dans une structure où il y a 12 millions d’habitants consommateurs et environ 200 producteurs bios et d’autres structures qui sont-elles au niveau national, le positionnement est plus difficile. Donc on essaye de garder notre visibilité et d’avancer dans cette direction : pour l’avenir, en Ile-de-France, on va tenter de mettre en place une instance locale pour nos systèmes de garanties participatifs, qui va nous permettre de porter notre réflexion sur les garanties tout en nous rapprochant des autres groupes dans cette démarche. L’idée est aussi d’informer au mieux les adhérents du groupe Ile-de-France quant aux enjeux de la production. On s’inscrit évidemment dans l’histoire de la région Ile-de-France, qui est devenue extrêmement urbaine. Du coup on essaye d’avoir des actions sur l’aspect – je ne dis pas consommation parce que je n’aime pas ce mot là – les usages, avec des informations sur l’agro-écologie, des événements, des stands…c’est N&P qui a créé les marchés bios de la Région parisienne. Nous avons toujours un stand sur le marché Raspail, qu’on anime le dimanche. Ça nous permet de vendre nos livres pour l’information, et de discuter avec les gens. Donc on a un positionnement qui est plus en direction de la communication et de l’information.
M: au début de l’entretien, vous avez parlé du la dynamique néo-rurale au sein des membres de N&P, vous pouvez nous en dire plus ?
JPA : Au moment du mouvement de retour à la terre après 1968, dans les années 1970, il y a beaucoup de gens qui étaient dans la ville qui se sont installés en tant que producteurs en bio, comme certains, producteurs N&P. Depuis quatre ou cinq ans, il y a de plus en plus de gens plutôt jeunes, qui cherchent une installation. Ça revient à travers la permaculture, les AMAP où le développement des « couveuses » qui sont un prélude d’expérience avant l’installation.
En réalité, il y a tous types de gens qui s’installent à la campagne. Il y a aussi des gens qui veulent quitter les grandes villes mais tous ne vont pas vers une installation en agriculture.
Mais dans tous ces chemins, il y a un projet de société, qui peut dépasser l’activité propre à N&P. D’autres mouvements ont vu le jour : les AMAP, la décroissance, Alternatiba, etc., et chacun dans sa mouvance s’est retrouvé à coopérer. Ça ne participe peut être pas de la même expérience, mais de la même intention, et on se rejoint souvent.
Notre travail se joue à travers l’écologie pratique, en donnant l’occasion à certains d’être producteurs, transformateurs, etc. Mais la problématique écologique, sociétale, réglementaire, s’expriment aujourd’hui dans un même ensemble inter relationnel. Les règlements sur les territoires, le changement des Plans Locaux d’Urbanisme sont à prendre dans ces considérations. Les liens du politique, du rural, du citadin et de l’agriculture et de l’alimentation ont plus d’intrications, donc on tend à être présent dans un mouvement sociétal.
M: Et dans ce contexte-là, est-ce que la division rural/urbain a-t-elle encore du sens ?
JPA : Si l’on considère seulement les territoires et les activités liés à l’agriculture, c’est évident qu’en ville, il n’y a pas de champs. L’agriculture c’est aussi des territoires et des paysans. Certes il y a des jardins, l’agriculture périurbaine se développe, mais on ne fera pas pousser des champs de blé hors sol sur les toits. Cependant il n’y a pas de césure. Si on pense « alimentation » au lieu « d’agriculture », qu’on soit citadin ou pas citadin, dans les pays du nord ou dans les pays du sud, les multinationales de l’agro-alimentaire s’impliquent dans les semences et les circuits de distribution, c’est un seul et même système, le même fléau. Dans ce cadre global là, la militance sur la problématique de l’alimentation, de la souveraineté et de la sécurité alimentaire joue un rôle englobant. En intégrant l’alimentation et l’agriculture, on intègre les pratiques alimentaires, la distribution, l’occupation des territoires. L’approche par l’alimentation est quelque chose qui unifie. Et qu’on soit producteur chez N&P ou non producteur, les enjeux de la critique des circuits de distribution, de l’agronomie, de l’industrie alimentaire sont les mêmes. Ceux qui vivent en ville ou à la campagne n’ont pas les mêmes engagements au niveau local, les choses qu’ils font sont différentes, mais ça participe d’une critique globale, et les deux pôles se rejoignent. Réapprendre à faire la cuisine ou à choisir ses légumes, pour un citadin, c’est un geste qui influence le type de culture que l’on veut privilégier.