Nous y voilà donc. Alors que les yeux étaient rivés sur l’échéance électorale de 2027 comme un potentiel point de bascule, le temps s’est soudainement accéléré dimanche 9 juin, déclenchant une avalanche de peurs et d’espoirs. Mouvements est née dans les suites d’une dissolution qui avait porté la « gauche plurielle » au gouvernement et qui ouvrait tout à coup le champ des possibles. Cette fois, les risques d’une terrible réaction fascisante changent radicalement le contexte. La responsabilité d’Emmanuel Macron est immense, par son travail de sape des rapports de force politiques structurants, de normalisation du Rassemblement national – symétrisé avec le bloc des gauches -, par ses politiques néolibérales, xénophobes et liberticides mises en œuvre depuis 7 ans et par l’opportunité offerte à l’impensable.

Au cours des dernières décennies, la revue a œuvré à documenter et porter les transformations sociales qui éclairent ce moment. L’ancrage néolibéral et le détricotage des services publics, l’avènement des révolutions conservatrices, la défense parfois discrète, parfois assourdissante d’une domination postcoloniale et d’un modèle de développement extractiviste, la répression des luttes et des résistances, la saturation de l’espace médiatique par un discours raciste et antisocial, l’aveuglement aux effets du capitalisme sur les corps, les esprits et le monde que nous habitons, sont autant de phénomènes que Mouvements travaille à disséquer pour mieux y résister et construire une perspective de transformation sociale, écologique, féministe, antiraciste et décoloniale.

Les dossiers de Mouvements ne laissent que peu de doutes sur les conséquences d’un éventuel accès au pouvoir de l’extrême droite : celles et ceux qui seraient les plus violenté⸱es sont celles et ceux qui souffrent déjà de discriminations et d’injustices. Les minorités accusées aujourd’hui de tous les maux, qu’il s’agisse des personnes LGBTQI+, des habitant⸱es des quartiers populaires et des personnes racisées, subiront les premières la répression d’État. Les militantes écologistes, les syndicalistes, les journalistes, les artistes, les enseignant⸱es, seront les suivant⸱es sur la liste. S’il convient de ne pas confondre les époques et les formes que prennent les autoritarismes, les exemples étrangers les plus récents (Italie, Hongrie, Pologne, Brésil, Argentine) permettent de se faire une idée claire du bâillonnement des contre-pouvoirs, de la régression des droits et de l’abandon de toute perspective de transition écologique et sociale.

La banalisation de l’extrême droite a été soigneusement préparée et le niveau d’exaspération populaire est tel que la victoire du Rassemblement national, cet été ou en 2027, peut sembler inéluctable. Mais le futur n’est jamais écrit. L’heure est à la lutte et elle passe par les urnes le 30 juin et le 7 juillet. Elle se joue d’abord et avant tout dans des territoires délaissés ou précarisés, à distance des métropoles, où un électorat diplômé fera barrage à l’extrême droite. L’histoire électorale regorge de sondages invalidés et c’est d’ailleurs le propre de l’action militante et politique : permettre un autre chemin que celui annoncé. La contingence et l’incertain sont de bien fragiles alliés, mais il faut savoir compter avec eux. L’union des gauches est un fait majeur et Mouvements s’associe à l’élan né de l’annonce d’un Nouveau Front Populaire.

L’urgence est à l’unité pour faire triompher le Nouveau Front Populaire au soir du 7 juillet et mettre en œuvre son ambitieux programme de gauche. Pour cela, seule une mobilisation totale des forces progressistes de ce pays, syndicats, associations, mouvements féministes, écologistes et antiracistes, de concert avec les partis de gauche, pourra permettre d’éviter le pire.  Le retrait d’un candidat condamné pour violences conjugales témoigne du rapport de force que sont parvenus à imposer les mouvements féministes avec les partis de gauche. Mouvements met à disposition sur son site des textes pour comprendre, pour argumenter autour de soi afin de convaincre toutes celles et ceux qui, à gauche, hésiteraient encore à se lancer dans le soutien au Nouveau Front Populaire. C’est cette vigilance qui peut permettre l’élan nécessaire à la victoire et à la réalisation du programme du Nouveau Front Populaire.

La lutte pour l’égalité, l’émancipation et la justice sociale est plus nécessaire que jamais. Mouvements est de ce combat.