En 2020, puis à nouveau en 2021, les enseignant·es dans les établissements scolaires primaires et secondaires français ont reçu comme consigne de procéder avec leurs élèves à un hommage à Samuel Paty. Loin de l’unanimisme de façade présenté par la hiérarchie scolaire, les enseignant·es chargé·es de la mise en œuvre concrète de ces hommages ont parfois manifesté une prise de distance certaine avec la « lecture républicaine » des événements proposée par le gouvernement et par les médias.
Elisa Cantos est étudiante en Master de Sciences sociales (EHESS-ENS) au sein du parcours « Pratique de l’interdisciplinarité en sciences sociales ». Cet article s’appuie sur une enquête exploratoire réalisée dans le cadre de son mémoire de M1. Elle étudie parallèlement en licence de psychologie.
À l’occasion des hommages scolaires à Samuel Paty du 2 novembre 2020, Marie-Claire, enseignante dans une école primaire du réseau d’éducation prioritaire (REP) de Seine-Saint-Denis, a partagé avec ses élèves un petit dialogue illustré entre deux éléphanteaux en désaccord sur la couleur d’une tache de peinture :
« Respecter la liberté d’expression de chacun
_ C’est BLEU.
_ C’est VERT.
Que feriez-vous ?
Sur la gauche de l’image, deux dessins montrent les deux éléphanteaux en train de se battre (possibilité 1).
Sur la droite de l’image, le dialogue se poursuit (possibilité 2) :
_ Je pense que c’est bleu car…
_ Je pense que c’est vert car…
_ Nous devons accepter nos différents points de vue ! Conclut un troisième éléphanteau. »[1]
L’idée qui sous-tend cette scénette, c’est que la liberté d’expression permet la considération de toutes les opinions[2]. Pourtant, lors des hommages scolaires à Samuel Paty (en 2020 et en 2021), qui avaient non seulement pour objectif d’honorer la mémoire de Samuel Paty, mais aussi d’affirmer l’importance des « valeurs de la République », notamment la liberté d’expression, tous les points de vue n’ont pas semblé les bienvenus. Cinq ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, toute expression de désaccord avec la parole de l’État sur l’événement était à nouveau perçue comme une menace.
Le ministère de l’Éducation et les médias ont ainsi été prompts à faire un amalgame entre les incidents à l’occasion des hommages, qualifiés d’ « atteintes à la laïcité », et les actes de violence terroriste. La notion d’un continuum entre ces incidents et l’assassinat perpétré était ainsi illustrée par cette déclaration du ministère, dont la tonalité interrogative avait pour effet à la fois d’euphémiser l’amalgame suggéré et d’évoquer un climat de menace diffuse :
« Le phénomène majeur, qui représente un quart des incidents, sont les provocations verbales, des hurlements poussés dans les couloirs, en classe, jusqu’à entretenir une rumeur sur un professeur ou des menaces de mort. Est-ce par mimétisme, par pure provocation ? C’est là le plus difficile à analyser sur le terrain. » [3]
Associer des « hurlements » (terme lui-même hyperbolique) dans les couloirs, événement très banal dans la plupart des établissements scolaires, à des « menaces de mort » voire à des projets d’assassinats (par « mimétisme ») relève d’une panique morale savamment entretenue. Il reste que les hommages à Samuel Paty ont été un moment d’expression de visions contradictoires de la laïcité et de la liberté d’expression. Loin de l’unanimisme de façade présenté par la hiérarchie scolaire, les enseignant·es chargé·es de la mise en œuvre concrète de ces hommages ont parfois manifesté une prise de distance certaine avec la « lecture républicaine »[4] proposée par le gouvernement et par les médias. L’article qui suit s’appuie sur une dizaine d’entretiens, majoritairement avec des enseignantes qui exercent en quartiers populaires.
Fausses évidences et véritable instrumentalisation
Fidèles à une « lecture républicaine » des événements, le gouvernement et les médias ont procédé à une héroïsation de la personne de Samuel Paty, « héros tranquille »[5] selon Emmanuel Macron, « enseignant exemplaire »[6] selon Le Figaro, tandis que Jean Castex, premier ministre de l’époque, déclarait lors d’une cérémonie d’inauguration d’une plaque en hommage à l’enseignant que « rendre hommage à Samuel Paty, c’est rendre hommage à la République ». L’injonction de faire bloc autour des hommages rendus à Samuel Paty pouvait ainsi sembler relever de l’évidence, comme l’illustre le titre de la page officielle éduscol[7] dédiée aux premiers hommages scolaires : « 2 novembre : hommage à M. Samuel Paty et unité autour des valeurs de la République »[8]. En ce sens, on peut aussi noter que c’est une chanson intitulée One (du groupe irlandais U2) qui a été choisie pour accompagner le dévoilement de la plaque en hommage à l’enseignant.
Pourtant, la plupart des enseignantes interrogées n’ont pas semblé partager cet unanimisme, exprimant notamment une distance avec les choix pédagogiques de Samuel Paty, alors même que son enseignement a été tout particulièrement célébré lors des hommages qui lui ont été rendus : Castex a ainsi déclaré que Samuel Paty avait été assassiné « tout simplement parce qu’il remplissait sa mission »[9], tandis que la plaque en son honneur précise qu’il l’a été « pour avoir enseigné et défendu les valeurs de la République »[10]. Enseignante en REP+ en Seine-Saint-Denis, Vanessa, qui se déclare athée, explique ainsi :
« Je sais pas si je dirais que ce qu’il a fait est « courageux » parce que de mon côté je n’ai pas forcément peur, et pourtant je montre de tout aux enfants, même tu vois la Vénus de Milo très dénudée, des caricatures, des œuvres, parce que je suis très histoire de l’art en plus, mais les caricatures de Mahomet je ne l’aurais pas fait pour autant, je trouve pas ça… forcément approprié à l’école. Alors oui, comme je te disais, je suis pour qu’on leur apprenne le fait religieux à l’école parce que ça leur ouvre l’esprit, aux gamins, de connaître un peu tout ça, mais les parties sexuelles de Mahomet bon, voilà quoi. »
Enseignante en REP+ dans l’Essonne, Valérie (athée dont le mari est musulman) déclare quant à elle :
« Perso moi je me suis dit : “Ah ! Effectivement il a pas choisi la manière simple” on va dire. Après il avait certainement des convictions fortes, en tant qu’enseignant d’histoire-géo, donc ben chacun ses convictions, chacun aussi sa manière d’enseigner et de … comment dire ? Ben de transmettre ces valeurs, voilà. Mais des fois, je me dis, dans la société actuelle, après les événements des attentats, de toute la série de 2015, je me suis dit qu’il a pas effectivement choisi le plus judicieux. Est-ce que c’était vraiment nécessaire ? Perso j’en ai discuté comme ça un petit peu avec d’autres enseignants, il y a pas très longtemps, lors d’une réunion où on se remémorait un an après. Et c’est vrai que j’ai une collègue qui a dit : “Ben perso moi si j’avais été à sa place, je l’aurais pas fait quoi, j’aurais pas employé ça”. Et c’est vrai que sur le coup je lui dis : “Ben ouais je suis d’accord avec toi, moi je pense aussi que je n’aurais pas employé cette méthode pédagogique pour parler de ça”. Il faut parler de tout ça, oui, mais il y a la manière de le faire. »
Léna, professeure des écoles catholique non pratiquante dans l’un des arrondissements les plus riches de Paris, se montre particulièrement critique :
« Je suis pas trop du genre à faire tout et n’importe quoi parce que j’en ai le droit, je pense que ça me serait même pas venu à l’esprit de montrer ces caricatures-là à ma classe, même si je devais parler des caricatures. »
Un autre point de désaccord avec la « lecture républicaine » des événements exprimé par les enseignantes interrogées a été la place centrale accordée à la laïcité. À propos des hommages rendus à l’enseignant après l’assassinat et l’année suivante, les médias ont ainsi titré :
« Hommage rendu à Samuel Paty au pied de l’arbre de la laïcité » Le Télégramme, 22 octobre 2020
« Assassinat de Samuel Paty : 87 % des Français estiment que la laïcité est en danger » Le Point, 22 octobre 2020
« Laïcité : comment les enseignants sont accompagnés depuis l’assassinat de Samuel Paty » Public Sénat, 15 octobre 2021
« Laïcité à l’école : ce qui a changé depuis l’assassinat de Samuel Paty » Les Echos, 15 octobre 2021
« Assassinat de Samuel Paty : “Une éducation à la laïcité vécue comme un rappel à l’ordre risquerait d’alimenter les crispations” » Le Monde, 16 octobre 2021
« Samuel Paty, laïcité, enseignement… Jean-Michel Blanquer, invité spécial » Radio France, 17 octobre 2021
Quant au ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, il déclarait à l’occasion du lancement au Centre National des Arts et Métiers (CNAM), un an après l’attentat, d’un plan de formation à la laïcité destiné aux enseignant·es : « Si vous devenez professeur, vous transmettez les valeurs de la République. Et si vous ne les transmettez pas et si même vous militez contre les valeurs de la République, éventuellement sortez de ce métier. » Cette déclaration martiale du ministre qui avait indigné beaucoup d’enseignant·es désignait en creux la promotion de la laïcité en milieu scolaire comme la réponse principale apportée par l’institution scolaire à la tragédie. Pourtant, les enseignant·es interrogées n’ont pas fait état de tensions importantes dans leurs établissements autour des questions religieuses, confirmant le constat formulé par Alice Simon (suite à une enquête sur la citoyenneté menée en 2019 dans le collège de Samuel Paty) indiquant que ces questions « inquiètent beaucoup les équipes scolaires et font parler d’elles dans les médias, mais elles prennent rarement beaucoup d’ampleur »[11]. Interrogées sur les valeurs mises en cause par l’assassinat de Samuel Paty, et sur ce que représentaient spontanément pour elles les « valeurs de la République », la plupart des enquêtées ont ainsi cité la triade « liberté, égalité, fraternité » ou encore le « vivre ensemble » avant la laïcité. Le non-respect de la laïcité n’a pas semblé les inquiéter outre mesure, y compris dans les quartiers où vivent un grand nombre de familles musulmanes :
« La religion ne me pose pas de problème, j’ai jamais été confrontée à un problème de non-respect de la laïcité, je pense que je suis privilégiée à ce niveau-là, même si, en y réfléchissant, j’ai plusieurs amies qui enseignent en REP et j’ai pas l’impression non plus qu’elles soient confrontées très souvent à des problèmes de non-respect de la laïcité. » (Léna)
Ce dernier témoignage montre à quel point le traitement médiatique des fameux « incidents » d’atteinte à la laïcité marque les esprits des enseignant·es qui en viennent à s’estimer « privilégié·es » lorsqu’iels n’y sont pas confronté·es. Pourtant, les récits semblent similaires ailleurs :
« Ce débat-là il intervient très régulièrement dans la classe, on a régulièrement des réflexions du type : “Ah toi tu manges du porc, y’a pas le droit dans ma religion” ou des choses comme : “Ah moi je suis musulman, toi t’es chrétien” etc., parce qu’on a un bon mélange de ces religions-là dans l’école, et ça ressort très régulièrement, pas du tout de manière agressive ni quoi que ce soit mais ça sort très régulièrement sur des sujets totalement lambda. Ça fait partie du quotidien oui, et c’est normal, mais jamais ça ne pose problème. » (Manon, enseignante en REP+ dans l’Essonne)
« Franchement la religion c’est rare que ça pose problème, surtout qu’on a une bonne relation avec les familles et on accepte les religions de tout le monde, ça ils le savent. À l’école oui on les entend parler de ça mais ça dépasse jamais les limites et ils ne disent jamais rien de choquant quoi, ça reste des enfants et même s’ils se disent musulmans parce que voilà leurs parents sont musulmans, en réalité ils y connaissent pas grand-chose. » (Vanessa)
Au regard de ces témoignages, la place centrale accordée à la question de la laïcité à l’occasion des événements post-Samuel Paty semble donc bien avoir été politiquement motivée. On comprend donc que la consigne transmise en octobre 2021 aux directeur·rices d’école de faire remonter à leur hiérarchie d’éventuels discours « ambigus » sur la laïcité tenus par des élèves en classe, y compris en maternelle, a été accueillie avec une certaine indignation, plutôt que d’être perçue comme une demande légitime de l’institution. Soraya, enseignante en maternelle dans l’académie de Créteil, a ainsi déclaré à France 24 :
« Qu’on trahisse leur conscience en lançant un débat et en notant sur une petite fiche tout écart, ça me met en colère. L’enseignant en face est-il suffisamment éclairé pour décrypter les signes [de radicalisation] ? Je n’en suis pas sûre. »[12]
Cette consigne a été perçue comme d’autant plus problématique qu’elle pouvait sembler en contradiction avec une valorisation de la liberté d’expression, « valeur de la République » dont l’importance était ainsi minorée alors même que son exercice pouvait permettre la résolution de certaines tensions autour du fait religieux. Anna, une enseignante de RASED[13] en REP+ dans l’Essonne, rapporte ainsi la discussion qui a eu lieu entre certain·es élèves dont elle avait la charge lors du premier moment d’hommage scolaire rendu à Samuel Paty :
« Ce qui est bien c’est que dans le petit groupe d’élèves que j’avais ce matin-là, ils étaient pas tous d’accord mais ça se complétait bien. Y’en a un qui a tout de suite dit : “C’est mal de montrer des caricatures de Mahomet !” Et t’en as un autre qui a répondu : “Oui mais c’est mal de tuer les gens”, et l’autre était d’accord, donc ils ont résolu leur histoire comme ça et du coup ça a été plutôt fluide quoi. »
Le regard des enseignant·es sur le terrain
Construite autour d’oppositions massives – laïcité vs fanatisme religieux, « valeurs de la république » vs terrorisme – la « lecture républicaine » de l’attentat promue par les médias et par le gouvernement s’est révélée passablement abstraite. Cette abstraction a contraint les enseignant·es à improviser pour assurer la mise en œuvre concrète des hommages scolaires à Samuel Paty. Première difficulté mentionnée par les enseignantes interrogées, la définition incertaine du périmètre discursif légitime de l’institution scolaire : certaines familles ont ainsi pu percevoir comme intrusifs les propos tenus par les enseignant·es sur un sujet aussi lourd. Manon témoigne :
« En 2015, on avait eu deux ou trois retours qui disaient que voilà, l’école était pas faite pour ça et qu’on n’avait pas à parler de ça avec les élèves, et d’autant plus parce que certains n’avaient pas eu du tout accès aux informations sur le weekend et que donc ils avaient appris tout ça sur le temps de l’école. Et donc pour gérer tout ça à la maison, ça avait été très compliqué parce que forcément ça crée des peurs, des angoisses, donc voilà. Mais après on leur explique qu’on a des consignes et qu’il faut en discuter et que… mais c’est vrai qu’on rentre aussi dans le privé et c’est ça qui est très compliqué à gérer. Gérer des angoisses sans comprendre d’où elles viennent de la part des parents, c’est peut-être très compliqué aussi. Bon je vais être maman moi aussi et… je me dis qu’on rentre quand même dans la vie personnelle. Après j’entends très bien qu’il faille vraiment imposer – enfin “imposer”, le mot est fort – un discours assez institutionnel, et qu’il fallait faire des hommages, ça c’est clair et net mais c’est compliqué en fait. »
Ce problème est redoublé par le fait que le rapport à l’information est différent selon les familles, comme le souligne Léna, qui compare l’école (en milieu défavorisé) dans laquelle elle se trouvait pour les hommages de 2015 et l’école (en milieu favorisé) dans laquelle elle se trouvait pour les hommages de 2020 :
« L’an dernier, Samuel Paty, comme c’est un milieu social assez différent dans mon école actuelle, CSP+++, j’avais l’impression que ces enfants-là étaient beaucoup plus protégés que dans mon ancienne école. J’ai eu l’impression que j’étais face à des enfants de maternelle qui étaient beaucoup plus protégés par rapport à l’information. »
Face à cette problématique, les équipes ont pu faire le choix de modérer le contenu de leurs interventions, comme dans l’école de Manon :
« J’avais pas envie de rentrer dans le débat parce que, justement, et notre directeur revient souvent là-dessus, parce qu’il est au portail le matin et le midi, et voilà, il y a des discussions parfois qui s’engagent avec les parents, parce que les enfants rapportent des choses à la maison, et c’est pas forcément ce qui s’est dit en classe, donc il faut gérer ça après et parfois, ça peut se montrer un peu agressif. Donc justement, on s’était mis d’accord en CP de pas trop rentrer dans le sujet de qu’est-ce qu’avait fait Samuel Paty pour du coup, avoir été décapité. »
Dans d’autres établissements cependant, notamment dans des quartiers favorisés, c’est l’option inverse d’une communication extensive qui a été choisie. Directeur d’une école favorisée dans les Hauts-de-Seine, Jérôme fut ainsi fier de me transmettre le discours qu’il avait pris soin de préparer pour la rentrée du 2 novembre 2020 et qu’il a lue avant la tenue de la minute de silence effectuée collectivement dans son école, rappelant les faits et justifiant leur présence à cet endroit, ainsi qu’une lettre adressée aux adultes et parents d’élèves qu’il avait ressenti le besoin d’écrire. Enseignante dans le même arrondissement favorisé que Léna, Cécile a quant à elle chargé la professeure d’arts plastiques qui intervenait dans sa classe le jour même du premier hommage de préparer une planche et un cours sur les caricatures.
Face à la réalité du terrain scolaire, les équipes éducatives ont ainsi fortement différencié leur mise en œuvre des hommages à Samuel Paty. Mais cette différenciation n’a pas seulement tenu à des considérations pragmatiques de prise en compte de l’âge des enfants ou du nécessaire maintien d’une relation apaisée avec les familles. Elle a aussi été une forme de réponse à la charge proprement politique des consignes officielles. Placées sous le signe de l’évidence et de l’unité, et malgré leur valorisation explicite de la liberté d’expression, ces consignes étaient en effet porteuses d’une certaine censure en interdisant tacitement d’envisager que certains publics puissent réagir aux hommages de façon spécifique, c’est-à-dire, marquée entre autres par leur position dans l’ordre racial. Questionnée au sujet des incidents ayant eu lieu en réaction aux hommages selon les médias, Valérie, enseignante spécialisée en Institut médico-éducatif au moment des hommages, fait ainsi le lien suivant :
« Il y a évidemment un autre point de vue qui dit qu’il faut plus… par exemple que la colonisation voilà d’accord mais que maintenant “faut passer à autre chose”. Bah oui mais il y en qui n’ont pas pu encore passer à autre chose quoi, parce qu’on leur a pas permis de passer à autre chose. Et donc voilà, en même temps, je veux dire qui sème le vent récolte la tempête. »
Pour conclure, on peut noter que seule l’une des enseignantes sur la dizaine interro’gées a mis en œuvre un hommage avec ses élèves au moment de la date anniversaire un an après l’attentat. Ce chiffre témoigne de la prise de distance du corps enseignant avec cette exercice malgré l’unanimisme de façade mis en avant par la hiérarchie scolaire. Sans remettre totalement en question l’intérêt des hommages scolaires post-attentat, ces derniers sont semble-t-il à repenser dans leur entièreté, afin qu’ils puissent répondre aux besoins concrets des enseignant·es et des élèves avant de viser un objectif de propagande républicaine.
[1] Petite bande-dessinée par Kinjal Damani, docteur en Sciences de l’Éducation, relayée sur Twitter par le chercheur Sylvain Connac le 30 octobre 2020.
[2] Le droit à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion se trouvent d’ailleurs réunis dans un même article de la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 19).
[3] Ouest France avec AFP, « Légère hausse des atteintes à la laïcité à l’école, avec un pic lors des hommages à Samuel Paty », Ouest-France.fr, 9 décembre 2021.
[4] Alice Simon, « L’attentat de Charlie Hebdo… », art. cit.
[5] Annick Cojean, « L’hommage au « héros tranquille » Samuel Paty et à tous les professeurs, qui « font des républicains » », Le Monde.fr, 22 octobre 2020.
[6] Guillaume Poingt, « “Il était très bienveillant” : qui était Samuel Paty, le professeur décapité à Conflans-Sainte-Honorine ? », Lefigaro.fr, 17 octobre 2020.
[7] Site Web officiel d’information et d’accompagnement des professionnels de l’éducation, édité par la direction générale de l’enseignement scolaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
[8] Actualités – 2 novembre hommage M Samuel Paty – unité autour des valeurs de la République – Éduscol, 1 novembre 2020, consulté le 21 février 2022.
[9] Paul Guyonnet avec AFP, « Hommage à Samuel Paty : Blanquer et Castex dévoilent une plaque », Le HuffPost, 16 octobre 2021, sect. Actualités.
[11] Lénaïg Bredoux, « Laïcité: retour d’expérience au collège du Bois d’Aulne », Mediapart, 19 octobre 2020.
[12] Bahar Makooi, « Assassinat de Samuel Paty : un an plus tard, confidences d’élèves et professeurs », France 24, 15 octobre 2021.
[13] Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.