Avec un PIB qui a chuté de 65% depuis 2013, une hyperinflation record qui ne faiblit pas (estimée à 9585.5% en 2019 par la banque centrale[i]), des pénuries d’aliments et de biens de première nécessité comme les médicaments, l’eau courante, l’électricité, le gaz domestique ou l’essence, le Venezuela connait depuis plusieurs années maintenant une crise économique calamiteuse et sans précédent. Les scènes de Vénézuélien.nes allant manger dans les poubelles à la fermeture des restaurants ne sont pas rares. L’ultime option fait surface : s’exiler. Depuis 2015, des flux gigantesques de Vénézuélien.nes à la recherche d’un avenir meilleur, viennent faire grandir la catégorie des migrants internationaux, aujourd’hui estimée à 3,5% de la population mondiale[ii].

Selon l’ONU, 4.9 millions de Vénézuéliennes et Vénézuéliens ont été contraint.es de quitter leur pays depuis 2015 dont 4.1 millions vivent aujourd’hui dans un autre pays d’Amérique latine, constituant ainsi le plus grand exode de l’histoire récente de ce continent. Ce mouvement migratoire avait d’ailleurs commencé bien avant. Dès le milieu des années 1990, les franges les plus aisées de la population ont commencé à quitter le pays, suivies rapidement par la classe moyenne ; en 2013, ce mouvement migratoire s’est généralisé à tous les secteurs de la société pour prendre à partir de 2017, sa forme massive et hémorragique[iii].

Partageant avec le Venezuela une frontière poreuse de 2219 kilomètres allant de la forêt amazonienne à la mer des Caraïbes, la Colombie est le pays qui abrite le plus grand nombre de réfugié.es vénézuélien.nes avec un peu moins de deux millions de personnes. La ville de Bucaramanga, surnommée la Ciudad Bonita (la jolie ville) et formant avec les municipalités de Girón, Floridablanca et Piedecuesta la sixième agglomération urbaine du pays, occupe une position de ville intermédiaire entre la frontière colombo-vénézuélienne et l’intérieur du pays, constituant ainsi un point de passage inévitable pour de nombreux.ses migrant.es, notamment ceux et celles qui souhaitent rejoindre la capitale, Bogotá.

La très grande majorité des migrant.es sont entré.es en Colombie en passant par la ville de Cúcuta. La Colombie dispose d’un réseau de bus très développé et le trajet entre Cúcuta et Bucaramanga est très correctement desservi. Cependant, par manque de ressources (le coût du trajet avoisine 45.000 pesos colombiens, ce qui équivaut à près de 12 euros) ou pour cause d’absence de passeport ou de permis de transit (conditionnant l’achat d’un billet de bus), de nombreux.ses migrant.es ne peuvent emprunter ce moyen de transport. 194 kilomètres, c’est la distance qu’ils et elles devront parcourir à pieds.

Ce périple entre Cúcuta et Bucaramanga dure entre quatre jours et une semaine, au lieu de cinq heures en étant motorisé. Tous les jours, arrivent à Bucaramanga entre 500 et 600 vénézuélien.nes[iv], le ventre vide, les pieds pleins d’ampoules et la peau brûlée par le soleil. Les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les personnes âgées ne font pas exception, bien que la grande majorité de cette population migrante soit jeune.

Les premiers lieux d’accueil officieux des migrant.es à Bucaramanga, situés à proximité de l’antenne d’autoroute, sont le Parque del Agua et le Parque de los Niños. La plupart y passent leurs premières nuits ; ces parcs-dortoirs sont les principaux lieux de rassemblement des migrant.es vénézuélien.nes à Bucaramanga.

C’est dans les alentours de ces deux parcs réputés de la ville (que l’on surnomme aussi la ville des parcs) que j’ai pu réaliser au cours du mois de mai 2019 une vingtaine de brefs entretiens informels avec ces personnes devenues soudainement marginales (la quasi-totalité d’entre elles n’avaient jamais été en situation de migration auparavant[v]).

Ces quelques échanges seront restitués sur un mode narratif puis éclairés par des articles de la presse locale et les résultats de l’enquête de l’Institut d’études politiques de l’Université Autonome de Bucaramanga (Universidad Autónoma de Bucaramanga – UNAB) sur les migrant.es vénézuélien.nes dans l’Aire Métropolitaine de Bucaramanga (AMB)[1]. Ces données, récoltées en amont de la survenance de la pandémie de Covid-19 et de ses incidences sociales, se révèleront instructives pour imaginer les implications de cette nouvelle épreuve sur ces trajectoires de vie qui nous intéressent et plus largement pour questionner les politiques publiques colombiennes.

Le parcours migratoire éreintant d’exilé.es au profil majoritairement jeune

Laura et Carlos viennent d’arriver. Tous deux sont jeunes, ont quatre enfants de moins de cinq ans et ont l’air épuisé.es par le voyage. Surtout lui. Ils ne comptent pas rester à Bucaramanga et se dirigent vers le Pérou. Laura connaît ce pays et pense que les conditions de travail et de salaire sont meilleures qu’en Colombie. Ce leitmotiv lui donne de l’énergie, à elle et son compagnon. Prochaine étape, Medellin.

La jeunesse de ce couple n’est pas un cas isolé. Selon l’étude mentionnée, la population migrante est très majoritairement jeune, plus des deux tiers des personnes interrogées étant des jeunes adultes, ayant entre dix-huit et trente-cinq ans.

Par ailleurs, Laura et Carlos ne sont pas les seul.es à ne pas vouloir s’établir à Bucaramanga. En effet, seulement 15% des personnes interrogées par la UNAB souhaitent s’y établir durablement. La majorité ambitionne de rejoindre une autre ville colombienne ou bien l’Equateur ou encore le Pérou, bien que pour ce dernier cas, cela soit de moins en moins vrai en raison des politiques migratoires strictes et des affaires médiatisées de xénophobie.

Comme beaucoup d’autres, Laura et Carlos voyagent sans passeport. Ils arrivent en effet d’un pays où le prix du passeport s’élève à près de 200 dollars et sa prorogation à près de 100 dollars, alors que le salaire minimum mensuel est de 4.6 dollars[vi]. Afin de faciliter le parcours migratoire de celles et ceux transitant par la Colombie et souhaitant rejoindre un autre pays, le gouvernement colombien a mis en place en décembre 2018, un permis spécial de transit (Permiso de Ingreso y Permanencia Tránsito Temporal). Ce permis, remis sans condition de passeport, autorise ses titulaires à rester quinze jours sur le territoire colombien (délai non prorogeable). Il vient s’ajouter aux autres instruments de l’arsenal normatif à destination des exilé.es vénézuélien.nes, notamment le permis de mobilité transfrontalière (TMF) et le permis spécial de résidence (PEP) dont nous parlerons plus loin.

Concernant le périple de Cúcuta à Bucaramanga, beaucoup m’ont déclaré être venu à pieds. Les deux exemples suivants en témoignent.

Isabel vient d’arriver à Bucaramanga avec sa famille et ses ami.es, après quatre jours de marche depuis Cúcuta. Ils ne comptent pas rester là, leur but est d’aller à Cali pour rejoindre des ami.es. Elle parait physiquement épuisée mais mentalement bien déterminée. Elle n’a pas perdu son sens de l’humour et s’amuse de mes questions. C’est sa première fois en Colombie. C’est la première fois même qu’elle sort de son pays, sans en faire pour autant un évènement.

Le couple est à Bucaramanga depuis deux semaines. Le chemin a été rude depuis Cúcuta, Ils sont passés par le froid du « Páramo de Berlín ». Tous les manteaux étaient pour le bébé. Eux, ils ont eu froid. Aujourd’hui, ils sont hébergés gracieusement par un ami vénézuélien. Ils vivent de la charité et de la solidarité colombienne. Ils semblent s’en sortir et vivent matériellement beaucoup mieux que lorsqu’ils étaient au Venezuela, alors même qu’ils n’ont encore rien ici. Lui travaillait dans la réparation de téléphones mobiles mais avec les pannes d’électricité à répétition, ce n’était plus possible.

Sur la route longue et périlleuse entre Cúcuta et Bucaramanga, un segment est particulièrement redouté : le Páramo (plateau) de Berlín, réputée comme l’une des montagnes les plus hautes et froides de Colombie et située entre Bucaramanga et Pamplona. De nombreux.ses migrant.es vénézuélien.nes traversent cette zone atteignant 3200 mètres d’altitude et des températures très basses sans les vêtements appropriés et parfois même en tongs, engendrant de nombreux cas d’hypothermie[vii]. Les familles avec enfants en bas âge sont évidemment les plus vulnérables et le décès d’un nouveau-né survenu lors de cette traversée a même pu faire la une de la presse locale en février dernier[viii].

La proportion de celles et ceux venu.es à pieds semble toutefois se réduire avec le temps. Si selon la UNAB, près de la moitié des migrant.es présent.es dans l’AMB seraient venu.es à pieds en 2018, cette proportion aurait chuté à 20% en 2019.

Eduardo par exemple, âgé de 22 ans, fait partie de ceux arrivés à Bucaramanga en bus. Il est passé non pas par Cúcuta mais par le département de l’Arauca. Cela fait maintenant un mois qu’il est à Bucaramanga. Par ailleurs, comme beaucoup, il est confronté à la difficulté de pouvoir travailler.

Une très grande majorité assignée à l’informalité et à la précarité

Luis est à Bucaramanga depuis un an maintenant. Il a installé son stand de vente dans le Parque de los Niños où il vend toutes sortes de petites choses. Il paraît satisfait de son petit commerce qui ne fonctionne pas trop mal. Il peut compter sur un emplacement stratégique très bien choisi à l’angle du parc qui lui assure une visibilité lucrative. Son physique imposant l’a sûrement aidé à investir et conserver cet emplacement convoité. Il vend notamment beaucoup de cigarettes, à l’unité. Avant cela, Luis travaillait pour une entreprise de livraison à domicile mais le commerce a périclité. Dépourvu de passeport, il lui est désormais très compliqué de trouver un travail contractualisé. Bien qu’espérant que les choses évoluent, il semble entièrement investi dans son activité présente.

Le cas de Luis n’est pas isolé. Selon la UNAB, 72.6% des migrant.es vénézuélien.nes présent.es dans l’AMB travailleraient dans la vente informelle. Ils et elles vendent des fruits, des cigarettes, des cafés, des bonbons, des sacs plastiques (après avoir recyclé des poubelles) ou des vêtements dans le meilleur des cas. La ville de Bucaramanga avait déjà son lot de travail informel (55.2% de l’économie générale[ix]) mais les nouvelles arrivées viennent sans aucun doute renforcer ce phénomène.

Si les Vénézuélien.nes en situation irrégulière sont de fait assigné.es à la vente informelle, tou.tes aspirent à travailler dans un cadre légal et effectuent des démarches en ce sens.

Eduardo, rencontré plus haut, vend des sucettes sur la fameuse carrera 33 (la principale avenue commerçante de la ville). Il préfère le faire en marchant, il s’ennuie moins et a l’impression de gagner en contenance. Il loue un appartement avec des amis. Cela lui revient à 7000 pesos par nuit, ce qui est plutôt une bonne affaire. Professionnellement, il espère pouvoir régulariser rapidement sa situation pour obtenir un travail contractualisé. Le service de l’immigration lui a dit qu’une liste des Vénézuéliens arrivés serait dressée et que chacun obtiendrait un permis de séjour de deux ans. L’heure est à la patience et à l’espérance.

Selon les chiffres de Migración Colombia (Ministère des relations extérieures colombien) arrêtés au 29 février 2020, plus de 1.825.000 exilé.es vénézuélien.nes vivraient actuellement en Colombie. Parmi eux, 56% seraient en situation irrégulière, soit plus d’un million de personnes[x]. Celles et ceux dont la situation a été régularisée ont le permis de mobilité transfrontalière (TMF), le permis spécial de transit (PIP-TT), le permis spécial de résidence pour la promotion de la formalisation (PEPFF[xi], introduit dans le droit colombien le 29 janvier 2020 au bénéfice des Vénézuélien.nes rapportant la preuve formelle d’une offre de contrat de travail) ou le plus répandu, le permis spécial de résidence (Permiso Especial de Permanencia – le PEP) dont parle Eduardo. Créé en 2017 à destination spécifique des Vénézuélien.nes, ce permis confère pour une durée de deux ans le droit d’étudier, de conclure un contrat de travail et d’être affilié aux systèmes de santé et de sécurité sociale. Néanmoins, dépourvus de passeport en règle tamponné par les gardes-frontières, la majorité ne peuvent y prétendre. Au niveau de l’AMB, seulement 16% des migrant.es vénézuélien.nes en disposeraient.

Pour ceux et celles qui disposent du PEP, la situation n’est pas réglée pour autant.

Raúl habite à Bucaramanga depuis un an avec son épouse et son fils qui vient de naitre sur le territoire colombien. Il fait partie de ceux qui ont réussi à obtenir le PEP. Il pointe cependant avec regret les difficultés d’avoir un contrat de travail, même une fois le permis en poche. Selon lui, les employeurs préfèrent les embaucher de manière informelle, en dehors des règles du droit du travail, en les payant 20.000 plutôt que 50.000 pesos la journée.

Les difficultés rencontrées par Raúl pour parvenir à conclure un contrat de travail sont le lot commun des Vénézuélien.nes. Moins de 6% des personnes interrogées par la UNAB ont réussi à signer un contrat de travail. Parmi celles qui sont titulaires du PEP, elles sont 12% à y être parvenues.

Le PEP pose en outre d’autres difficultés. Il génère une insécurité juridique liée à son caractère spécial, temporaire (deux ans) et donc à son risque de non-renouvellement, dans un contexte migratoire ayant des chances de perdurer. En outre, de nombreux établissements bancaires refusent d’ouvrir un compte bancaire aux titulaires de ce permis, continuant d’exiger un passeport ou une carte de résident étranger[xii].

Face aux difficultés, certains se ravisent.

Richard est épuisé. Il vient à peine d’arriver à Bucaramanga. Seulement, lui, est à sens contraire. Il revient du Pérou, où il dit avoir souffert des conditions de travail. Le Venezuela, il y retourne. Richard est âgé de vingt ans et voyage seul. Son sac de voyage déborde de tous les côtés, tellement il a souhaité ramener le plus de choses possibles vers son pays malade. Sa famille et sa maison lui manquent. Pour Richard, les choses se résument ainsi : quitte à galérer, autant être chez soi.

Le cas de Richard, peu courant, n’est pas non plus anecdotique. Ceux qui décident de faire demi-tour pointent généralement avec dépit les dures conditions de travail et de rémunération ou encore la xénophobie. Ces décisions de retour font écho au plan Vuelta a la patria (retour à la patrie) mis en place en août 2018 par le gouvernement vénézuélien, qui a pour but de faciliter le retour de ses ressortissant.es émigré.es en prenant en charge intégralement leur trajet en bus ou en avion à destination de Caracas. Le président Nicolás Maduro demande en effet « aux Vénézuéliens qui veulent s’émanciper de l’esclavagisme économique d’arrêter de laver les toilettes à l’étranger et de venir rejoindre la patrie ». Selon les données du gouvernement chaviste, près de 15.000 personnes auraient été rapatriées, soit une proportion infime du total des migrations.

La quasi-totalité des Vénézuélien.nes que j’ai rencontré.es m’ont confié vouloir revenir au Venezuela lorsque la crise serait passée. Les motifs souvent invoqués sont l’attachement à leur pays ou encore les séparations familiales engendrées par l’émigration.

Marianny est à Bucaramanga avec son mari depuis vingt jours. Elle avait décidé de laisser son fils de treize ans avec ses parents au Venezuela, afin qu’il ne soit pas témoin de la vie indigne qui les attendait. Encore maintenant, elle angoisse à l’idée qu’elle aurait pu se retrouver à quémander dans la rue sous les yeux de son fils. Interrogée sur l’attitude des Colombien.nes à son égard, Marianny semble faire la part des choses : « si certains t’aident et se montrent généreux, d’autres te regardent tellement mal qu’ils te tuent du regard ».

Marianny n’est pas la seule à avoir laissé son enfant au pays. Les enfants restés au Venezuela dont les parents ont émigré, on les appelle les dejados atrás, les « laissés derrière » (tout comme les anciens, eux aussi laissés derrière). Selon les chiffres de l’organisation pour la défense des droits infantiles Cecodap, 20% des migrant.es déclarent avoir laissé leur enfant au Venezuela[xiii].

Pour survivre, Marianny vend des bonbons. Elle réalise une marge de 10.000 pesos par paquet (sachant que le paquet vaut 5000 en coût initial). Elle projette cependant de se mettre à la vente de tinto (café), histoire d’avoir davantage le sentiment de vendre quelque chose que de faire la manche. Les villes colombiennes regorgent en effet de vendeurs de rue tenant un thermos à café sous le bras ou sur un petit charriot et servant le tinto[xiv] dans de petits gobelets en plastique. Certain.es se déplacent, d’autres conservent un même emplacement et savent compter sur une clientèle d’habitué.es.

Marianny nous éclaire ici sur la frontière parfois ténue entre la vente ambulante et la mendicité. La mendicité, très courante dans les rues de Bucaramanga, peut d’ailleurs se heurter à des considérations d’ordre public.

José a vingt-deux ans. Il est venu à Bucaramanga avec sa copine et ses quatre enfants. Il était moto-taxi au Venezuela. Il a dû vendre sa moto pour financer son départ vers la Colombie. Depuis qu’ils sont à Bucaramanga, pour s’en sortir, lui et sa copine travaillent au feu rouge près du Parque del Agua, de chaque côté de la route ; ils se sont répartis les enfants.

Le fait qu’iels viennent solliciter les automobilistes attendant le passage au vert est extrêmement répandu et bien que cette pratique puisse exaspérer certains conducteur.rices, elle est plutôt bien acceptée en général. C’est par contre moins le cas de l’utilisation des enfants à des fins de mendicité, sujet très sensible à Bucaramanga. José et sa copine ne semblent pas en l’espèce être concerné.es par de tels agissements mais pourraient potentiellement subir, à ce sujet, des contrôles suspicieux de la part de la police locale. En effet, selon Jaime Andrés Beltrán, ancien conseiller municipal de Bucaramanga, des réseaux criminels peu scrupuleux n’hésitent pas à exploiter la vulnérabilité des migrant.es pour louer leurs enfants d’entre un et trois ans (environ 20.000 pesos la journée) pour faire l’aumône[xv].

Au-delà de ce cas spécifique, le développement de la mendicité à Bucaramanga nous interroge sur la qualité des relations entre les Vénézuélien.nes et la population colombienne. Elles ne sont pas simples.

 

Les relations en demi-teinte avec la population colombienne

Maria et Carmen viennent d’arriver avec leurs enfants il y a à peine quelques heures. Maria va rejoindre un ami à Cali. Quant à Carmen, elle se dirige vers Quito où elle rejoint un cousin, pour prendre ensuite la direction du Pérou. Quand j’interroge Carmen sur son état d’esprit, elle n’hésite pas à me témoigner sa profonde révolte. Elle sent qu’elle et les siens sont regardés comme des animaux sauvages, alors qu’ils pourraient à son sens être admirés pour leur courage et leur héroïsme.

Le témoignage de Carmen fait écho à une dure réalité : nombreux.ses sont les Vénézuélien.nes qui ont le sentiment d’être rejeté.es par la population colombienne. L’étude de la UNAB le confirme largement et constate d’ailleurs une aggravation depuis 2018 : 50% de ses compatriotes interrogé.es ont déjà souffert de discrimination (ce chiffre était de 23% en 2018 et de 45% en 2019) et de façon tout aussi choquante, 19% ont peur de dire qu’ils sont Vénézuélien.nes. De l’autre côté, une partie importante des Colombien.nes vivant à Bucaramanga prennent vite un air lassé et désenchanté lorsque l’on aborde le sujet vénézuélien. Qu’il s’agisse de l’explosion de la misère visible et de la mendicité, de l’augmentation des actes de délinquance ou de l’asphyxie des hôpitaux, les sujets d’inquiétude ne manquent pas et les Vénézuélien.nes font vite office de boucs émissaires.

Prenons l’exemple des hôpitaux. En Colombie, le droit d’accès aux soins est garanti pour les nationaux comme les non-nationaux au plus haut niveau de la hiérarchie des normes, dans les articles 49 et 50 de la Constitution politique de 1991 et est considéré depuis 2015 comme un droit fondamental[xvi], pouvant donc faire l’objet le cas échéant d’une action de tutelle[xvii]. Si cette consécration supra-législative ne se traduit malheureusement pas dans les faits par l’affiliation de tous les migrant.es vénézuélien.nes au système de santé (à l’échelle de l’AMB, seulement 25% y seraient affiliés), elle garantit au moins l’accès aux soins médicaux d’urgence prodigués dans les hôpitaux. Or, depuis 2017, les afflux de Vénézuéliens provoquent un véritable engorgement des hôpitaux publics dont les capacités étaient déjà limitées. Il s’agit là d’un sujet très délicat à Bucaramanga. Selon Ingrid Restrepo, travailleuse sociale à l’Hospital del Norte, près de 25% des personnes qui y sont prises en charge sont vénézuéliennes[xviii].

Au milieu des tensions diverses, la classe politique locale n’a pas toujours contribué à pacifier l’atmosphère. Rodolfo Hernández, l’ancien maire de Bucaramanga, localement réputé pour son conservatisme et son franc-parler, a notamment pu affirmer lorsqu’il était en fonction : « le Venezuela ne nous apporte que des prostituées et des voleurs »[xix].

Au-delà des rapports parfois difficiles entre les migrant.es vénézuélien.nes et la population colombienne et des discriminations croissantes depuis 2018, l’attention mérite d’être portée aussi sur des réalités plus positives, comme par exemple l’importance de la charité.

Maria Fernanda et Carolina sont assises ensemble avec leurs enfants respectifs. Quand elles le peuvent, elles font des ménages, mais le plus souvent elles doivent se contenter de faire la manche. Elles comptent beaucoup sur la solidarité des Colombiens. Etant au même emplacement depuis plusieurs semaines, elles commencent à être connues dans le quartier. Les gens les aident de plus en plus. Parfois, la police les accuse d’utiliser les enfants pour quémander mais elles récusent. Elles ne peuvent tout simplement pas se permettre de les faire garder.

Dans l’étude de la UNAB, 50% des migrant.es interrogé.es se déclarent satisfait.es de l’accueil et de la générosité des Colombien.nes à leur égard (apport désintéressé de médicaments, vêtements et nourriture) et 12 % déclarent vivre de cette charité, comme c’est le cas de Maria Fernanda et Carolina.

La solidarité des passant.es vient s’ajouter aux aides de l’Eglise et aux actions des organisations caritatives ou humanitaires comme la Croix-Rouge qui met en place des accompagnements psychologiques les mardis et jeudis ou l’association Entre Dos Tierras (dont le siège est à Bucaramanga[xx]) qui distribue des repas, assure un service médical gratuit, vend des vêtements à bas coût et offre même une aide juridique et administrative. Tant bien que mal, les associations tentent de pallier l’impuissance des autorités publiques sur le plan social. Depuis le début de la crise migratoire, Entre dos Tierras, qui vient en aide à près de mille Vénézuélien.nes par jour, demande en vain de l’aide aux autorités locales. L’association pointe par ailleurs le fait que Bucaramanga n’est toujours pas reconnue par les autorités nationales et départementales comme une ville quasiment frontalière avec le Venezuela et nécessitant, à ce titre, une politique et un soutien particulier.

Des politiques publiques largement questionnées

Dans l’étude de la UNAB, 11.8% des migrant.es vénézuélien.nes interrogé.es disent avoir reçu une aide gouvernementale. Cette statistique, a fortiori si on la formule en sens inverse, confirme les lacunes de l’action publique locale. L’exemple des refuges est assez révélateur. Il existerait en Colombie neuf refuges officiels pour les migrant.es vénézuélien.nes mais encore aucun dans la ville de Bucaramanga[xxi]. Les quelques solutions d’hébergement humanitaire émanent d’associations membres du Groupe inter-agence sur les flux migratoires mixtes (GIFMM)[xxii] piloté par l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui mettent à disposition des chambres d’hôtel dans le centre-ville pour les enfants, les femmes allaitantes et les femmes enceintes. Le 12 mai dernier, on comptait 87 migrantes dont 49 enfants logés dans six hôtels[xxiii]. Au regard de l’importance des flux migratoires, ces capacités d’hébergement n’empêchent évidemment pas la majeure partie des nouveaux arrivants de passer leurs premières nuits, voire au-delà, dans la rue ou dans les parcs de la ville. Bucaramanga voit ainsi ces dernières années plusieurs de ses espaces verts transformés en campements nocturnes improvisés, conduisant certains à qualifier la ville de « grand dortoir à ciel ouvert »[xxiv].

A l’évidence, les autorités colombiennes peinent à relever l’immense défi posé par l’immigration vénézuélienne, tant sur le plan humanitaire que sur le plan de l’intégration sociale. L’avocate Carolina Moreno, directrice de la clinique juridique de l’Université des Andes, déplore que la réponse publique à la crise migratoire n’ait été ni législative, ni constitutionnelle mais exclusivement administrative, empruntant alors les contours d’une réponse discrétionnaire, peu démocratique, volatile, peu cohérente territorialement et n’apportant que trop peu de garanties en termes d’accès aux services publics et de respect des droits fondamentaux[xxv].

Il est vrai qu’il est compliqué pour un Etat d’assumer à lui seul la gestion d’un phénomène migratoire d’une telle ampleur et il est compréhensible qu’il s’en remette dans une certaine mesure à la responsabilité internationale. Cependant, les difficultés que connait la Colombie pour relever ce défi méritent aussi d’être analysées à l’aune de ses singularités.

L’Etat colombien a pendant longtemps été considéré par les analystes comme un Etat faible, incapable de dominer ses propres acteurs internes et de protéger sa population[xxvi]. Si le pays a réalisé des progrès notables ces dernières années, il n’est pas encore libéré de ses anciens démons comme en témoignent les 203 défenseurs des droits humains assassinés sur son territoire depuis le 1er janvier 2020[xxvii].

Par ailleurs, la Constitution politique du 5 juillet 1991, mais aussi et surtout l’ambition sociale croissante des jurisprudences de la Cour constitutionnelle, contrastent de façon démesurée avec les réalités sociales concrètes du pays. La Banque mondiale classe la Colombie comme le deuxième pays le plus inégalitaire d’Amérique latine et le septième le plus inégalitaire au monde[xxviii]. Bien que la vigueur des récentes mobilisations sociales nous révèle une Colombie en pleine mutation, impatiente de rattraper des décennies de révolte empêchée par le conflit armé, il est difficile de prévoir à brève échéance un changement radical des politiques publiques. Conformément à une culture de judiciarisation de la politique[xxix], le juge constitutionnel fait ce qu’il peut pour pallier le désinvestissement de l’Etat dans les domaines d’intérêt général, comme celui du droit des étrangers. On relèvera une décision heureuse et encourageante de la Cour constitutionnelle en date du 17 janvier 2020 : cette dernière a considéré que les enfants nés sur le territoire colombien, de parents vénézuéliens en situation irrégulière, étaient colombiens[xxx]. Compte tenu de la fermeture des autorités consulaires vénézuéliennes (suite à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays depuis le 23 février 2019) rendant impossible les moindres démarches administratives, cette décision vient mettre fin au risque d’apatridie pour des milliers d’enfants.

Selon les prédictions du HCR formulées fin 2019, la barre des 6.5 millions de migrant.es vénézuélien.nes dans le monde devrait être atteinte fin 2020, constituant ainsi la plus grande crise migratoire de la planète. En conformité avec les recommandations du HCR dirigées aux différents pays récepteurs[xxxi] et comme prélude à une politique migratoire plus ambitieuse, il serait de bonne augure que la Colombie en tant que premier pays récepteur décide enfin de présumer à première vue (prima facie) la qualité de « réfugié.es » des migrant.es vénézuélien.nes présent.es sur son sol pour qu’ils et elles deviennent, sans exception, des sujets de droits.

Perspectives à l’heure de la pandémie et du confinement

Depuis quelques mois, les migrant.es font face à une épreuve d’un autre genre. A rebours de prédictions pas si lointaines et en raison du contexte pandémique, les flux de migrant.es vénézuélien.nes se font désormais en sens contraire.

Les circonstances épidémiques ont déjà pu être analysées dans certains travaux comme une opportunité pour des populations précarisées et stigmatisées de se démarquer par des comportements louables, de surmonter une « épreuve d’engagement » et d’accéder à une reconnaissance accrue[xxxii], mais l’histoire a commencé à s’écrire tout autrement pour de nombreux Vénézuélien.nes. La Colombie est en confinement depuis le 23 mars dernier et comme dans de nombreux pays du Sud où l’économie est très majoritairement informelle, les conséquences sociales se révèlent désastreuses pour les couches les plus fragiles de la population[xxxiii]. La paralysie de l’économie informelle et plus spécialement de la vente ambulante dans laquelle la plupart des migrant.es vénézuélien.nes étaient investi.es, prive ces dernier.es de la moindre source de revenus. Dans ces circonstances, les cas d’expulsions pour non-paiement des loyers quotidiens abondent, à Bucaramanga et sur tout le territoire. Selon la Plateforme régionale de coordination inter-agences (Response for Venezuelans-R4V), au 3 avril dernier[xxxiv], le nombre de Vénézuélien.nes vivant dans la rue aurait triplé dans certaines zones du pays depuis le début du confinement.

Ne venant déjà pas en aide ou trop peu à ses propres ressortissant.es qui sont vendeur.ses ambulant.es, l’Etat colombien fait moins encore pour les travailleur.ses informel.les vénézuélien.nes, en grande majorité en situation irrégulière. Craignant plus la faim que la maladie dans un contexte où iels sont à la fois privés du chaland et de l’aide de l’Etat, beaucoup n’ont d’autre choix que de retourner au Venezuela où au moins, une maison les attend[xxxv].

Ces flux migratoires inversés avaient même débuté avant que la Colombie entre en confinement. Selon le Ministère des relations extérieures colombien, le nombre de Vénézuélien.nes rentré.es dans leur pays a augmenté de 14% aux mois de janvier et février 2020, avec 70.000 personnes qui ont pris la route inverse à celle empruntée quelques mois ou années plus tôt. Depuis le début du confinement et en dépit de la fermeture des frontières, ce phénomène s’est largement confirmé au point que le maire de la ville frontalière de Cúcuta, Jairo Yáñez, signalait dès le mois d’avril qu’entre 300 et 500 vénézuélien.nes traversaient chaque jour la frontière via Cúcuta[xxxvi]. D’après les chiffres communiqués le 20 août dernier par le Directeur Général du Ministère, Juan Francisco Espinosa Palacios, iels seraient près de 100.000 à être retourné.es au Venezuela depuis l’annonce des mesures sanitaires[xxxvii], dont la grande majorité (plus des trois quarts) par le pont Simón Bolívar à Cúcuta[xxxviii]. Pour accompagner ces nouvelles migrations et tout en insistant sur leur caractère volontaire, les autorités colombiennes ont mis en place un corridor humanitaire depuis plusieurs villes dont Pasto, Cali ou Medellín, en direction des ponts internationaux Simón Bolívar et José Antonio Páez (dans le département de l’Arauca)[xxxix]. Alors que la liste des aspirant.es au retour s’allonge (40.000 selon les estimations), le gouvernement de Nicolás Maduro restreint significativement les entrées sur son territoire : la frontière qui relie San Antonio del Táchira à Cúcuta est ouverte uniquement les journées du lundi, mercredi et vendredi dans une limite de 200 personnes par jour[xl].

Dans ce contexte, Bucaramanga demeure plus que jamais un carrefour important de ces nouveaux flux migratoires, où des centaines de Vénézuélien.nes, en provenance de plusieurs villes colombiennes et notamment Bogotá, transitent quotidiennement par l’avenue Quebrada Seca[xli] et le Parque del Agua[xlii]. La ville est ainsi aux premières loges pour assister malgré-elle au spectacle tragique et absurde de migrant.es vénézuélien.nes contraint.es à faire demi-tour suite à l’application d’une mesure de santé publique.

Les différentes mairies de l’AMB, la Personería de Bucaramanga[xliii], la Chambre de commerce et le HCR ont déjà pu collaborer pour financer le départ en bus de nombreux.ses migrant.es vers le Venezuela et leur éviter ainsi la difficile traversée à pieds du Páramo de Berlin. À la mi-juillet, 6107 migrant.es avaient déjà été conduit.es en bus à la frontière vénézuélienne depuis le Parque del Agua[xliv]. Ceux et celles qui attendent leur tour, de plus en plus nombreux.ses, n’hésitent pas à protester pour la mise à disposition de bus humanitaires et à avoir recours à des slogans comme « Nous voulons partir » (Nos queremos ir)[xlv]. Compte tenu de la fermeture partielle des frontières décidée par le gouvernement vénézuélien et de l’arrivée quotidienne de migrant.es dans la ville, forcé.es de patienter avant de parcourir les derniers 194 kilomètres, les autorités locales doivent faire face à des problématiques humanitaires mais aussi d’ordre public, toujours renouvelées (des plaintes de riverains sont enregistrées quotidiennement auprès de la Personería suite à l’occupation d’espaces publics ou même de terrains privés[xlvi]).

Ces stratégies individuelles et familiales de retour au Venezuela s’inscrivent dans un contexte particulièrement incertain, tant sur le plan sanitaire que politique. Il est vrai que le Venezuela jouit d’une pyramide des âges favorable (les plus de 65 ans ne représentant que 7% de la population totale), qu’il bénéficie de la présence ancienne de médecins cubains ainsi que de l’aide matérielle de la Chine[xlvii] et que tant les chiffres officiels que ceux émanant d’ONG locales (plus fiables[xlviii]), suggèrent pour l’instant que le virus est relativement maitrisé. Toutefois, le pays affronte cette épreuve avec des handicaps très lourds, parmi lesquels des grandes difficultés d’accès à l’eau courante et potable, des pénuries de savon et un système public hospitalier agonisant[xlix]. Les mesures sanitaires et notamment la « quarantaine totale » déclarée (dès l’apparition des premiers cas) viennent quant à elles naturellement aggraver la situation économique du pays déjà à bout de souffle. Par ailleurs, le Fonds Monétaire International a refusé d’octroyer une aide d’urgence au Venezuela et rien n’indique que les sanctions étasuniennes seront assouplies. On soulignera malgré tout la signature début juin à Caracas d’un accord de coopération sanitaire entre le gouvernement chaviste et l’opposition majoritaire à l’Assemblée Nationale qui devrait permettre au pays de bénéficier, sous l’égide de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), d’une levée de fonds et du concours d’organismes internationaux pour mieux lutter contre l’épidémie[l].

Selon Ronal Rodríguez, chercheur à l’Observatoire sur le Venezuela de l’Université de Rosario à Bogotá, la décision des migrant.es de retourner au Venezuela repose sur un niveau d’informations assez faible et la poursuite de ce mouvement ne dépendra pas seulement de l’évolution de la Covid-19 mais aussi du processus de reconstruction socio-économique de la Colombie et de la dynamique d’effondrement dans laquelle est pris le Venezuela[li]. On pourrait y ajouter la durée incertaine des récentes mesures vénézuéliennes de restriction des retours mais aussi et surtout, l’avenir des relations diplomatiques, bloquées mais éminemment nécessaires, entre les deux pays.

Les dures réalités sociales qu’on connaissait déjà depuis plusieurs années se sont manifestées ces derniers mois avec une évidence nouvelle, marquant sans doute un palier dans la compréhension du phénomène migratoire vénézuélien mais nous laissant aussi avec de nombreux questionnements. Quelle place aura cette épreuve collective dans les innombrables parcours individuels de ces exilé.es ? Quelles seront les répercussions sur les rapports avec la population colombienne et les dérives discriminatoires ? Peut-on espérer un renforcement des moyens d’action octroyés aux municipalités en première ligne comme Bucaramanga, afin qu’elles soient en mesure de protéger et inclure celles et ceux qui en ont besoin, en toutes circonstances ? La Colombie saura-t-elle voir dans la mise en œuvre d’une politique migratoire ambitieuse, l’opportunité d’un grand pas en avant dans la lutte contre ses inégalités abyssales et la construction effective d’un « Etat social de droit »[lii] ?

[1] Si la UNAB réalise cette étude chaque année depuis 2018, les développements à suivre feront principalement référence aux résultats de son étude la plus récente qui a été réalisée entre novembre 2019 et janvier 2020 sur un échantillon de 500 personnes et dont le rapport a été rendu public le 30 avril 2020. Maria Eugenia Bonilla Ovallos, Mairene Tobon Ospino, Daniel Botero Guzmán, Javier Sandoval Montañez, Eliana Zambrano, “Migrantes venezolanos en el área metropolitano de Bucaramanga”, Institut des études politiques de l’Université autonome de Bucaramanga, 30 avril 2020.

[i] « El Banco Central de Venezuela reportó una inflación de 9.585,5% en el año 2019 », Finanzas Digital, 5 février 2020. Disponible sur : https://www.finanzasdigital.com/2020/02/el-banco-central-de-venezuela-reporto-una-inflacion-de-9-5855-en-el-ano-2019/

[ii] Selon les données du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, publiées le 17 septembre 2019.

[iii] Suite aux élections législatives de 2015 et à la victoire de la coalition des partis d’opposition (MUD), le régime de Nicolás Maduro, défait de sa légitimité électorale, a pris un virage ouvertement autoritaire. Le boom migratoire qui a eu lieu à la fin de l’année 2017 fait suite à l’institution d’une Assemblée constituante 100% chaviste et « plénipotentiaire » s’arrogeant le pouvoir législatif au dépens des députés de l’opposition majoritaires à l’Assemblée nationale, ainsi qu’à la forte répression des protestations anti-gouvernementales d’avril à août 2017 au cours desquelles la répression a causé la mort d’une centaine de personnes.

[iv] « Migración venezolana: Los retos que tiene Bucaramanga », Vanguardia, 11 février 2020. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/area-metropolitana/bucaramanga/migracion-venezolana-los-retos-que-tiene-bucaramanga-XE2017770

[v] Maria Eugenia Bonilla Ovallos et Mairene Tobon Ospino, « Migrantes venezolanos en el área metropolitano de Bucaramanga », Institut des études politiques de l’Université autonome de Bucaramanga, mai 2019. Cette étude est composée de 86 questions et réalisée sur un échantillon de 1000 personnes entre octobre 2018 et mars 2019.

[vi] Le salaire minimum vénézuélien, comprenant le salaire de base et le bonus alimentaire, a augmenté le 1er mai 2020, passant de 450.000 à 800.000 bolivars mensuels (4.6 dollars).

[vii] « El Páramo de Berlín: el desafío para los venezolanos migrantes en Colombia », Dw.com, 10 septembre 2018. Disponible sur : https://www.dw.com/es/el-p%C3%A1ramo-de-berl%C3%ADn-el-desaf%C3%ADo-para-los-venezolanos-migrantes-en-colombia/a-45435200

[viii] « Muerte de recién nacido venezolano en paramo demuestra drama de migrantes: ONG », RCN Radio, 21 février 2020. Disponible sur : https://www.rcnradio.com/colombia/santanderes/muerte-de-recien-nacido-venezolano-en-paramo-demuestra-drama-de-migrantes-ong

[ix] Rapport du Departamento Administrativo Nacional de Estadística (Dane). Le chiffre de 55.2% correspond à la période novembre 2018 – janvier 2019. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/economia/local/la-informalidad-sigue-fuerte-en-bucaramanga-BK628993

[x] « Más de 1 millón 825 mil venezolanos estarían radicados en Colombia », Migración Colombia, 3 avril 2020. Disponible sur : https://www.migracioncolombia.gov.co/noticias/mas-de-1-millon-825-mil-venezolanos-estarian-radicados-en-colombia

[xi] Permiso Especial de Permanencia para el Fomento de la Formalización

[xii] « Por qué no hay bancos para migrantes », El dinero, 9 septembre 2019. Disponible sur : https://www.dinero.com/pais/articulo/por-que-los-venezolanos-tienen-bajo-acceso-al-sistema-financiero/276965

[xiii] « Los dejados atrás de la emigración venezolana », Rfi, 2 décembre 2019. Disponible sur : https://www.rfi.fr/es/americas/20191202-los-dejados-atras-de-la-emigracion-venezolana

[xiv] Adapté au goût de la plupart des Colombiens, le tinto est un café noir, souvent faiblement dosé et sucré à la panela.

[xv] « En Bucaramanga alquilan niños para pedir limosna », La opinión, 24 juillet 2019. Disponible sur : https://www.laopinion.com.co/colombia/en-bucaramanga-alquilan-ninos-para-pedir-limosna-181099

[xvi] Loi statutaire 1751.

[xvii] Manuel José Cepeda, « L’action de tutelle, arme du citoyen contre l’arbitraire » in « La Colombie à l’aube du troisième millénaire », IHEAL, 1996, p. 107-121.

[xviii] « La salud de los venezolanos se complica en Bucaramanga », El Espectador, 21 mai 2019. Disponible sur : https://www.elespectador.com/noticias/nacional/la-salud-de-los-venezolanos-se-complica-en-bucaramanga/

[xix] « Venezolanas son “fábricas de hacer chinitos pobres” asegura alcalde de Bucaramanga », Rcn Radio, 8 février 2019. Disponible sur : https://www.rcnradio.com/colombia/santanderes/venezolanas-son-fabricas-de-hacer-chinitos-pobres-asegura-alcalde-de

[xx] En janvier dernier, l’ONG Entre dos tierras a néanmoins perdu les locaux qu’elle utilisait dans le quartier de San Alonso. Elle est aidée depuis par la Mairie de Bucaramanga qui lui met à disposition une cuisine pour préparer les repas.

[xxi] « Bucaramanga no tiene refugios para los migrantes venezolanos », El Espectador, 24 septembre 2019. Disponible sur : https://www.elespectador.com/noticias/nacional/santander/bucaramanga-no-tiene-refugios-para-los-migrantes-venezolanos-articulo-882688

[xxii] https://www.acnur.org/5d27a79f4.pdf

[xxiii] Plateforme du Groupe international sur les flux migratoires mixtes (GIFMM), Flash Update du 12 mai 2020.

[xxiv] « Bucaramanga, dormitorio a cielo abierto », Chicago Tribune, 14 janvier 2020. Disponible sur : https://www.chicagotribune.com/espanol/sns-es-bucaramanga-dormitorio-cielo-abierto-venezolanos-20200114-ttpxlgarbjbtzaye7h56chwcpm-story.html

[xxv] « El Instituto de estudios políticos de la UNAB presentó ayer los resultados de la investigación: Migrantes venezolanos », site de la UNAB. Disponible sur : https://www.unab.edu.co/content/instituto-estudios-pol%C3%ADticos-la-unab-present%C3%B3-ayer-los-resultados-la-investigaci%C3%B3n-migrantes-venezolanos

[xxvi] Daniel Pécaut, « Passé, présent et futur de la violence » in « La Colombie à l’aube du troisième millénaire » Jean Michel Blanquer et Christian Gros, Edition de l’IHEAL, Paris, 1996, p. 17-63.

[xxvii] Unidad Investigativa de Indepaz – Unidad de Derechos Humanos Marcha Patriótica. Liste élaborée par Leonardo González Perafán et Cristian Raúl Delgado Bolaños. Actualisation permanente depuis le 1er janvier 2020. Disponible sur : http://www.indepaz.org.co/paz-al-liderazgo-social/ (consulté le 31 août 2020)

[xxviii] « Según el Banco Mundial, Colombia es el segundo país más desigual de América Latina », La República, 16 novembre 2017. Disponible sur : https://www.larepublica.co/economia/segun-el-banco-mundial-colombia-es-el-segundo-pais-mas-desigual-de-america-latina-2570469

[xxix] Rodrigo Uprimny Yepes, « La judicializacion de la política en Colombia: casos, potencialidades y riesgos », Rev. int. direitos human, 2007, vol.4, n.6, pp.52-69. ISSN 1806-6445.

[xxx] Décision de la Cour constitutionnelle T-006/20 en date du 17 janvier 2020. Disponible sur : https://www.corteconstitucional.gov.co/Relatoria/2020/T-006-20.htm

[xxxi] Alto Comisionado de las Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR), Venezuela: Nota de orientación sobre consideraciones de protección internacional para los venezolanos. Actualización I, 21 Mayo 2019. Disponible sur : https://www.refworld.org.es/docid/5ce2d44c4.html

[xxxii] Pascal Duret, Sylvain Cubizolles et Marie Thiannbo, « La crise sanitaire du chikungunya : une épreuve de recomposition des rapports sociaux à La Réunion », Sociologie [En ligne], N°3, vol. 4 | 2013, mis en ligne le 01 novembre 2013. Disponible sur : http://journals.openedition.org/sociologie/1935

[xxxiii] Maïka Sondarjee, « En Inde, le confinement peut tuer », Le Devoir, 1er avril 2020. Disponible sur : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/576139/la-ou-le-confinement-peut-tuer?fbclid=IwAR2wzIN1pejllipQv3MLfqLOs-wy4qp4VHA4zSyDfj5CosNTgrH2_x7b2Ak

[xxxiv] Cette plateforme créée à l’initiative de l’ACNUR et de l’OIM est complétée par huit plateformes nationales ou sous régionales. Ces plates-formes fonctionnent selon une approche sectorielle avec la participation de 170 acteurs différents.

[xxxv] « En Colombie les réfugiés vénézuéliens craignent la faim plus que le Covid-19 », La Croix, 6 avril 2020. Disponible sur : https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/En-Colombie-refugies-venezueliens-craignent-faim-Covid-19-2020-04-06-1201088139

[xxxvi] « Mas de 34.000 migrantes han llegado a Cúcuta para llegar a Venezuela », El Tiempo, 5 avril 2020. Disponible sur : https://www.eltiempo.com/colombia/otras-ciudades/regreso-de-migrantes-venezolanos-a-su-pais-por-la-crisis-del-coronavirus-484642

[xxxvii] « A partir de mañana Venezuela restringe ingreso de sus nacionales por el puente internacional Simón Bolívar », Migración Colombia, 20 août 2020. Disponible sur : https://www.migracioncolombia.gov.co/noticias/content/270-agosto-2020

[xxxviii] « Para finales del mes de mayo, el 3% del total de venezolanos qué se encontraban en Colombia al comienzo de la pandemia había regresado a su país y un 2% más estaría a la espera de poder hacerlo », Migración Colombia, 6 août 2020. Disponible sur : https://www.migracioncolombia.gov.co/noticias/para-finales-del-mes-de-mayo-el-3-del-total-de-venezolanos-que-se-encontraban-en-colombia-al-comienzo-de-la-pandemia-habia-regresado-a-su-pais-y-un-2-mas-estaria-a-la-espera-de-poder-hacerlo?highlight=WyJ2ZW5lem9sYW5vcyJd

[xxxix] « 240 venezolanos regresaron a su país en vuelo humanitario desde Pasto », El Tiempo, 13 avril 2020. Disponible sur : https://www.eltiempo.com/colombia/cali/240-venezolanos-regresaron-a-su-pais-en-vuelo-humanitario-desde-pasto-483480

[xl] « Reanudaron paso de venezolanos en la frontera », Vanguardia, 22 août 2020. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/colombia/reanudaron-paso-de-venezolanos-en-la-frontera-IL2782813

[xli] L’avenue Quebrada Seca est l’une des principales artères de la ville. Elle s’étend de la carrera 11 jusqu’au Parque del Agua, en passant par le Parque de los Niños.

[xlii] « Sigue el éxodo de migrantes venezolanos en Bucaramanga », Vanguardia, 21 avril 2020. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/area-metropolitana/sigue-el-exodo-de-migrantes-venezolanos-en-bucaramanga-XE2273653

[xliii] La Personería est un organe du Ministère Public qui doit contrôler l’action de la Mairie et veiller au respect et à la promotion des droits humains au niveau municipal. Les Personeros exercent les fonctions du Ministère Public au niveau de la municipalité sous le contrôle du Procureur Général de la Nation (loi 136 de 1994).

[xliv] « Alcaldía de Bucaramanga, tras finalizar con éxito los traslados humanitarios, recuperó el espacio público en el Parque del Agua », Alcaldía de Bucaramanga, 15 juillet 2020. Disponible sur : https://www.bucaramanga.gov.co/noticias/alcaldia-de-bucaramanga-tras-finalizar-con-exito-los-traslados-humanitarios-recupero-el-espacio-publico-en-el-parque-del-agua/

[xlv] « Migrantes mantienen bloqueada la vía Bucaramanga-Pamplona », Vanguardia, 5 mai 2020. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/area-metropolitana/bucaramanga/migrantes-mantienen-bloqueada-la-via-bucaramanga-pamplona-hx2347845

[xlvi] « Migrantes están llegando a más lugares de Bucaramanga para pernoctar », Vanguardia, 14 juillet 2020. Disponible sur : https://www.vanguardia.com/area-metropolitana/bucaramanga/migrantes-estan-llegando-a-mas-lugares-de-bucaramanga-para-pernoctar-JF2623579

[xlvii] En mars dernier, la Chine a envoyé au Venezuela 55 tonnes de matériel médical et de médicaments dont 500.000 « tests de diagnostic rapide ».

[xlviii] Plusieurs organisations dont Human Rights Watch mettent en doute la véracité des chiffres publiés par le gouvernement vénézuélien sur le nombre de personnes contaminées par le virus et le nombre de décès.

[xlix] Olivier Compagnon, « Raison sanitaire ou déraison politique ? Le Venezuela et le monde à l’heure du SARS-CoV-2 », Institut des Amériques, 18 avril 2020. Disponible sur : https://covidam.institutdesameriques.fr/raison-sanitaire-ou-deraison-politique-le-venezuela-et-le-monde-a-lheure-du-sars-cov-2/?#_ftnref1

[l] « Au Venezuela, un accord inédit entre Nicolás Maduro et Juan Guaido pour lutter contre le virus », Le Monde, 4 juin 2020. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/06/04/au-venezuela-un-accord-inedit-entre-maduro-et-guaido-pour-lutter-contre-le-virus_6041734_3210.html

[li] « La pandemia qué obligo a miles de venezolanos a regresar a su país », El Tiempo, 20 avril 2020. Disponible sur : https://www.eltiempo.com/colombia/otras-ciudades/regreso-de-venezolanos-a-su-pais-por-pandemia-de-coronavirus-486248

[lii] La notion « Etat social de droit » est consacrée l’article 1er de la Constitution politique de 1991.