« Il n’y a pas de monde blanc, il n’y a pas d’éthique blanche, pas davantage d’intelligence blanche. Il y a de part et d’autre du monde des hommes qui cherchent »[1]. Une campagne d’entretiens sociologiques menée en 2016 auprès de chercheur·se·s français·e·s travaillant sur des objets liés à la question raciale m’a permis de prendre toute la mesure de cette réflexion de Fanon. Plusieurs enquêté·e·s ont évoqué pendant l’entretien le rapport personnel, politique et militant que j’entretenais sans doute avec mon objet d’étude et qui était susceptible de biaiser mon analyse. L’un d’eux m’a par exemple demandé pourquoi j’avais choisi de travailler sur le racisme. Une fois satisfait de ma réponse, il a déploré « les gens [qui] viennent [le] voir tête baissée, parce qu’ils ont des motivations personnelles ».
Appartenir à une population issue de l’immigration et prétendre produire un travail scientifique lié d’une manière ou d’une autre à la question raciale, c’est prendre le risque de se voir reprocher une trop grande proximité à son objet, un prisme militant, voire une volonté de se faire le porte-parole des populations dont on parle[2] – les chercheuses pionnières des travaux féministes et des études de genre en ont fait l’expérience. On pourrait analyser ces accusations en réfléchissant aux raisons pour lesquelles on considère qu’à la différence des minoritaires et des minorisé·e·s, les membres du groupe dominant seraient plus à même de penser scientifiquement la domination. Autrement dit, aux raisons pour lesquelles on considère que le racisme concerne bien plus les personnes « racisées » – selon l’expression de Colette Guillaumin[3], c’est-à-dire les personnes qu’on assigne à une catégorie raciale minoritaire et qui sont susceptibles d’être victimes de racisme – que le groupe « racisant » majoritaire.
Cet article choisit plutôt, dans un souci de dépasser les querelles stériles, de s’intéresser aux conditions de production de la connaissance scientifique sur la question raciale. Il tente de les objectiver en mobilisant la notion de champ scientifique[4] et en explorant les positions que les chercheur·se·s y occupent. Dans un champ social, les positions se définissent les unes par rapport aux autres – proximités ou distances, affinités ou oppositions – et informent de ce fait les prises de position scientifiques, politiques et médiatiques, en tant qu’elles déterminent le rapport que les chercheur·se·s entretiennent avec leur objet d’étude et avec leurs collègues. Elles déterminent également les stratégies qu’ils et elles mettent en œuvre pour conserver ou conquérir le monopole de l’autorité scientifique – c’est-à-dire la capacité à énoncer une « bonne » manière de faire et de dire la science – qui est l’enjeu principal des luttes propres au champ scientifique. Cet article entend donc montrer comment les soupçons de parti pris politique, de non-neutralité ou d’amateurisme participent de ces luttes, considérant, avec Bourdieu, que « l’univers “pur” de la science la plus “pure” est un champ social comme un autre »[5].
Pour entreprendre ce travail d’objectivation, je propose d’appliquer aux sociologues des méthodes d’analyse semblables à celles que Fréderic Lebaron a utilisées pour les économistes, en les traitant « comme tout autre objet sociologique, en multipliant les méthodes d’objectivation […], et en ne leur accordant aucune extraterritorialité de principe »[6]. Pour le mener à bien, je prends pour objet ce sous-champ des sciences sociales qui s’intéresse à la question raciale et qui est composé de chercheur·se·s évoluant dans le même espace académique, produisant des travaux et organisant leur activité scientifique en relation les uns avec les autres, se concurrençant pour l’accès à des revues, des postes et des financements. On pourrait m’opposer qu’il n’existe pas, en France, de domaine d’étude défini institutionnellement qui rassemblerait tous les travaux et les chercheur·se·s qui s’intéressent aux objets liés à la question raciale, mais plutôt une série de domaines circonscrits qui se caractérisent par leur faible transversalité : les migrations internationales, les immigré·e·s et leurs descendant·e·s, l’analyse de leurs trajectoires, la question de leur intégration et de leurs relations avec la « société hôte » ; les discriminations racistes, sur le marché du travail, à l’école, auprès des administrations publiques ou des entreprises, la manière dont il faut – ou non – les mesurer ; le racisme et ses expressions, les processus de racisation et les effets du stigmate racial ; la colonisation, ses catégories administratives ou idéologiques, les représentations qu’elle produit, ses persistances et ses héritages ; etc. Je considère cependant que toutes ces approches participent du même champ d’étude – que je propose, faute de mieux, de désigner par question raciale – dans la mesure où ils partagent le même objet, qu’ils construisent et analysent de manières diverses et parfois contradictoires : les populations minoritaires, leurs conditions d’existence, leurs positions sociales, voire leurs spécificités culturelles supposées ; les rapports qu’elles entretiennent avec les autres acteurs sociaux ; les processus de discrimination qu’elles sont susceptibles de subir ; les représentations collectives qui leur sont attachées ; et, finalement, le fonctionnement et les conséquences de la domination raciste.
Cet article s’intéresse donc aux chercheur·se·s qui participent à la production de la connaissance scientifique sur la question raciale, à leurs caractéristiques sociales, à leur position académique et institutionnelle, aux moyens dont ils et elles disposent pour produire leurs travaux, dans quels lieux et quelles institutions et à la manière dont ceux-ci sont rendus publics, dans quelles revues et avec quel langage scientifique. Il s’appuie principalement sur des matériaux statistiques : une base de données prosopographiques regroupant cent dix-sept chercheur·se·s en sciences sociales[7] travaillant sur la question raciale, construite à partir des informations publiques disponibles en 2016. Il explore ces données à travers une analyse des correspondances multiples (ACM), dont l’interprétation est étayée par une quinzaine d’entretiens réalisés la même année auprès de chercheur·se·s aux positions et aux prises de position variées.
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L’ACM représente graphiquement les corrélations statistiques entre les pratiques scientifiques des chercheur·se·s et leurs caractéristiques sociales, permettant de dessiner l’espace des positions qu’occupent les acteurs du champ : les modalités partagées par les mêmes individus sont représentées par des points qui tendent à se regrouper. Autrement dit, sur le graphique, les individus les plus proches spatialement partagent de nombreuses caractéristiques, alors que les individus les plus éloignés en partagent très peu. Les axes horizontaux et verticaux indiquent quelles sont les caractéristiques qui organisent le plus ces proximités et ces distances. Cette cartographie met au jour l’existence d’un espace partagé en trois groupements, où les chercheur·se·s se distinguent par leurs objets d’étude, leurs corpus, leurs outils méthodologiques et théoriques, mais aussi et surtout par leur accès différencié aux postes et aux revues prestigieuses, par leur degré de légitimité et de visibilité et par leur position dans le cycle de carrière. Elle propose ce faisant un tableau du sous-champ de la question raciale bien moins caricatural que celui d’un domaine d’étude menacé par l’entrisme de chercheur·se·s américanisé·e·s et militant·e·s : il apparaît au contraire comme un champ dynamique où cohabitent des paradigmes variés, dont l’équilibre se trouve modifié par l’arrivée d’une nouvelle génération de chercheur·se·s.
L’ACM est construite à partir de quarante-neuf variables susceptibles de nous renseigner sur les pratiques scientifiques des chercheur·se·s :
- Faire de la recherche : objets, outils, terrains (en bleu)
Les pratiques de recherche sont décrites par des variables dichotomiques (oui/non) relatives aux objets étudiés et aux manières d’en parler[8]. Celles-ci sont construites à partir d’une analyse lexicale des titres des livres et des articles de recherche parus en français depuis 2000. En effet, le choix de parler de « racisme » plutôt que de « discriminations ethniques », de travailler sur des « travailleurs immigrés » plutôt que des « populations racisées », sont autant d’indications quant aux cadres théoriques et méthodologiques. La variable « travaux sur les rapports sociaux de race » prend ainsi la modalité « oui » quand les termes « race », « racial » et leurs déclinaisons apparaissent au moins une fois dans la bibliographie de l’individu. À ces variables thématiques s’ajoutent cinq variables agrégées, représentant de manière simplifiée les dynamiques principales du sous-champ[9]. Deux autres variables renseignent sur les outils (« outils quantitatifs ») et les terrains (« travaux hors métropole »).
- Pratiques collectives : publications, groupes de recherche, pétitions, tribunes (en orange)
Les pratiques collectives des chercheur·se·s sont décrites par des variables dichotomiques renseignant la participation à des livres collectifs, à des groupes de recherche (proprement scientifiques comme l’équipe de l’enquête TeO[10], ou beaucoup moins, comme l’Achac[11]), à des séminaires[12], à des pétitions, sélectionnées parce qu’elles touchent à des enjeux cruciaux du sous-champ, d’un point de vue scientifique (la pétition pour les statistiques ethniques[13]) ou politique (l’appel des Indigènes de la République de 2005, la pétition contre le ministère de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale[14]) ou encore à des controverses médiatisées. Ce volet est complété par une variable dichotomique concernant la publication par les chercheur·se·s de tribunes dans la presse généraliste sur des sujets proches de leurs objets d’étude, informant sur leur engagement politique, en marge de leur travail académique.
- Pratiques de publication : nombre et type de livres et d’articles (en rouge)
Les pratiques de publication sont renseignées par des variables qualitatives relatives au nombre de livres et d’articles publiés par les individus depuis 2000, à la qualité des revues[15] dans lesquelles ceux-ci paraissent et à la proportion de ceux portant sur la question raciale. À ces variables s’ajoutent des informations générales sur le type de publication : articles en anglais, direction d’ouvrages, publication dans de grandes revues de sociologie ou des revues engagées. Ainsi, deux indicateurs agrégés de revue sont utilisés comme variables actives : « grosses revues »[16] et « revues militantes »[17].
Pour tenter de spécifier les positions occupées par les individus de notre échantillon dans le sous-champ de la question raciale, une trentaine de variables supplémentaires sont également projetées sur l’ACM, sans qu’elles ne participent à sa construction (en vert). Elles ont surtout vocation à retracer les trajectoires académiques et professionnelles : elles renseignent sur les établissements dans lesquels les chercheur·se·s ont étudié, leurs institutions et laboratoires, leur grade universitaire, mais également sur le sujet de leur thèse, leur discipline principale ou leurs autres objets d’étude. Y est jointe une série de variables dichotomiques relatives aux maisons d’édition et revues où ils ont publié (en gris), dont des indicateurs agrégés (« éditions généralistes »).
Les modalités qui contribuent le plus fortement aux axes du graphique – soit aux proximités et aux distances entre individus – nous permettent d’interpréter le sens de ces derniers – soit les principes les plus déterminants de différenciation entre individus. Ainsi, l’axe horizontal est fortement structuré par les variables relatives aux pratiques de recherche. Les modalités les plus contributives sont, à gauche, le choix d’objets d’étude classiques[18], les travaux sur les descendant·e·s d’immigré·e·s, l’usage d’outils quantitatifs et la participation à l’enquête TeO ; et, à droite, le choix d’objets d’étude relatifs au rapport colonial[19], les travaux sur la notion de race, de post-colonisation ou sur des terrains hors métropole. Cette opposition thématique reflète également une distinction disciplinaire et méthodologique : à gauche, des démographes (et des économistes, bien que la modalité, à l’effectif très faible, n’apparaisse pas) ; à droite, des anthropologues puis des historien·ne·s (et des philosophes). Cette échelle des disciplines, des plus « scientifiques » aux plus « littéraires », distingue des outils et des méthodes attachés à des matériaux et des terrains spécifiques : à gauche, le travail statistique vient mesurer les discriminations subies par les immigré·e·s et leurs descendant·e·s, voire leur intégration, s’inscrivant dans la tradition du traitement de la question migratoire par la statistique publique française, notamment par l’Ined[20]. À droite, c’est le travail d’archive et les méthodes ethnographiques qui dominent, appliquées à des périodes ou à des zones géographiques éloignées. C’est également une échelle de prestige, qui oppose au travail technique et mathématique une réflexion théorique se traduisant par des distinctions dans le parcours académique : alors qu’on trouve plutôt des normalien·ne·s et des agrégé·e·s à droite, les ancien·ne·s élèves de Sciences Po Paris sont à gauche, tout comme les chargé·e·s de recherche de l’Ined, qui pour certain·e·s ne sont pas docteur·e·s.
L’axe vertical est principalement structuré par les variables relatives aux pratiques de publication : en haut, la publication d’un nombre important de livres et d’articles scientifiques en français, la direction d’ouvrages, la publication dans des éditions généralistes ou dans des revues certifiées par l’AERES[21] ou la publication de tribunes dans la presse nationale. Il correspond en partie à la position dans le cycle de carrière des chercheur·se·s (matérialisée sur le graphique par une flèche ascendante). Comme l’indiquent les variables projetées, l’axe vertical suit l’âge des individus et leur grade : en bas les maîtres·ses de conférence (et les docteur·e·s sans poste), en haut les professeur·e·s d’université ou les directeur·rice·s d’étude de l’EHESS. Il oppose aussi, dans une moindre mesure, les femmes aux hommes. Cette position dans la carrière, comprise à la fois comme ancienneté et niveau hiérarchique, est corrélée au type de publication des chercheur·se·s, selon des stratégies éditoriales et professionnelles spécifiques : les plus jeunes ont peu publié, mais principalement dans des revues certifiées par l’Aeres, même si ce ne sont pas des revues importantes (ces dernières, comme Genèses ou la Revue Française de Sociologie apparaissent dans le quadrant nord). Au contraire, les carrières avancées sont liées à des publications plus nombreuses, mais aussi plus diversifiées – notamment dans des revues engagées et des maisons d’édition militantes ou généralistes. Il faut être établi·e – bénéficier d’une position professionnelle et/ou institutionnelle solide ou avoir acquis une légitimité scientifique – pour se permettre une production péri-académique importante. Cet axe, qui traduit donc à la fois la légitimité scientifique et institutionnelle, distingue aussi des objets d’étude considérés comme plus ou moins nobles et qui font l’objet de plus ou moins d’attention politique et médiatique : on trouve ainsi, en bas, les travaux sur les relations interethniques ou les rapports sociaux de race, et en haut ceux sur le monde ouvrier ou l’antisémitisme.
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Sur le graphique, trois groupes cohérents d’individus[22] peuvent être distingués – en termes d’objets d’étude, de paradigmes scientifiques, mais également de trajectoires académiques, de laboratoires et de revues – matérialisés sur le graphique par trois ellipses : une ellipse gauche, dans le quadrant nord-ouest, une ellipse droite, dans le quadrant nord-est, et une ellipse basse, dans la moitié sud du graphique. Chacune est décrite ci-dessous par l’analyse des modalités qui la structurent.
L’ellipse droite et l’ellipse gauche sont fortement opposées par l’axe horizontal, qui représente principalement les pratiques de recherche. Elles correspondent à deux traditions différentes, voire conflictuelles, de la question raciale, qui sont au cœur de la plupart des controverses scientifiques et médiatiques sur le sujet. C’est ce que décrivent deux enquêté·e·s, qui s’identifient à l’une et l’autre traditions, et qui explicitent la fracture entre ces « deux camps » :
« [Il y a] celles et ceux pour qui, dans une perspective classique […] la race est une notion qui masque la réalité des rapports de domination, qui sont fondamentalement des rapports de classes sociales ; qui opèrent une sorte de réductionnisme de classe, dans une espèce de perspective marxiste classique, selon laquelle c’est d’abord la classe qui permet de dire les inégalités sociales, et pas autre chose. […]. Et puis, de l’autre côté, si je puis dire, l’ensemble plus réduit de gens pour qui cette notion-là est une notion légitime en sciences sociales. […] Donc, la césure est très forte, c’est incontestable. Avec, évidemment, des choses qui me et nous faisaient sourire […] : des gens qui pouvaient dire “la race ça n’existe pas” et qui dans certains travaux, tout en évitant le vocable, ne parlaient que de ça. »
« On est le pôle un peu classiste, résistant à ces thématiques raciales, résistant en disant “il ne faut pas oublier la classe”, même si les thèmes aujourd’hui imposés par l’agenda politique ou même intellectuel privilégient les questions dites raciales. Mon but est de rappeler à chaque fois qu’il ne faut pas oublier que les immigrés sont aussi, sinon avant tout, des ouvriers. »
On peut ainsi prendre au mot le premier enquêté et qualifier l’ellipse gauche d’approche « classique » – parce qu’elle rassemble les tenants d’une approche traditionnelle de la question raciale, qu’elle analyse d’abord par le prisme de la classe ou qu’elle réduit aux inégalités socio-économiques. L’ellipse de droite recouvre pour sa part l’approche que l’on appellera « explicite » – parce qu’au contraire de la première, elle rassemble celles et ceux qui osent utiliser le vocable de la race et font l’hypothèse d’une spécificité de la domination raciale. Comme nous allons le voir, ces appellations pratiques demeurent cependant simplistes, dans la mesure où ces deux ellipses ne sont pas homogènes et présentent en leur sein des distinctions institutionnelles et scientifiques fortes, représentées par l’axe vertical : pour chacune de ces ellipses, il faut distinguer sa partie haute (et dominante) de sa partie basse (et dominée).
L’ellipse gauche, dite « classique », se caractérise d’abord par des objets d’étude spécifiques : les migrations, les immigré·e·s et leurs descendant·e·s dans la société française contemporaine, à travers une approche par l’intégration ou les discriminations.
Dans sa partie basse, on constate l’usage d’outils quantitatifs pour mesurer les inégalités ou étudier les dynamiques migratoires. On y trouve également des démographes ou des économistes, le fait d’être en poste ou associé·e à l’Ined, d’avoir participé à l’enquête TeO ou de publier dans Population. L’intérêt pour les « statistiques ethniques » y est autant théorique que politique, comme le montre l’engagement d’une partie des individus dans le COMEDD[23].
Dans sa partie haute, les problématiques liées à l’intégration, à la citoyenneté, mais aussi à la délinquance ou à l’islam[24] dominent, dans une perspective principalement critique comme l’indique la pétition contre la création du ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale en 2007. Le fait d’être issu de la sociologie urbaine ou de celle du monde ouvrier, et d’avoir accès aux revues les plus prestigieuses de sa discipline, comme la Revue française de sociologie, les Actes de la recherche en sciences sociales ou la Revue française de science politique, indiquent enfin une forte légitimité académique. Ces caractéristiques correspondent à des chercheur·se·s dont le cœur de métier n’est pas la question raciale mais des objets plus légitimes, et qui jouissent de positions institutionnelles dominantes – d’où une influence considérable dans le sous-champ de la question raciale.
L’ellipse droite, dite « explicite », se caractérise quant à elle par un intérêt pour la domination raciale dans ses multiples dimensions : sa construction socio-historique, ses manifestations contemporaines, son corpus idéologique, etc.
Dans sa partie basse, les objets principaux sont la question coloniale ou postcoloniale, avec des travaux d’anthropologie sur des terrains hors métropole ou d’histoire sur les anciennes colonies, traitée à travers l’étude de l’idéologie raciste ou de la construction des catégories raciales en colonie – et notamment du groupe blanc. Ces travaux sont publiés en particulier dans des revues spécialisées comme Cahiers d’études africaines et Africultures, ou aux éditions L’Harmattan.
Dans sa partie haute, l’ellipse est marquée par l’engagement militant, scientifique ou médiatique pour la promotion de « nouvelles » approches de la question raciale. Les chercheur·se·s publient dans des revues engagées, comme Esprit, Critique ou Multitude, participent à des ANR ou des séminaires visant à renouveler les problématiques relevant de la question raciale, ou encore aux publications du groupe Achac. On y trouve des titres académiques prestigieux, de normalien·ne ou d’agrégé·e, et des postes de professeur·e·s des universités, en particulier à l’étranger, dans de grandes universités étatsuniennes, ou à l’université Paris 8.
Malgré cette polarisation du champ entre ellipse « classique » et ellipse « explicite », il est particulièrement intéressant de voir de quelle manière toutes deux se rejoignent dans le nord du graphique (dans l’espace matérialisé par un cadre en pointillé). Cet espace est celui des positions dominantes, sur le plan institutionnel mais surtout en termes d’influence et de légitimité à l’intérieur du sous-champ – capacité à influencer le débat scientifique, à travers notamment la direction d’ouvrages ou la participation à des controverses – et à l’extérieur de celui-ci, dans le reste du champ académique comme dans les champs politique et médiatique. On y trouve les modalités relatives aux institutions prestigieuses, aux grandes maisons d’édition généralistes ou aux éditions La Découverte. Les carrières sont longues et n’ont pas été exclusivement consacrées à la question raciale : les publications d’articles scientifiques et de tribunes politiques sont nombreuses, comme les prises de position dans les controverses liées à la question raciale, sur le plan péri-académique (pétition pour les statistiques ethniques) ou directement politique (appel des Indigènes de la République). Ces positions d’influence ne sont pas l’exclusivité d’une des deux approches, « classique » ou « explicite » : les chercheur·se·s qui en bénéficient peuvent s’opposer scientifiquement, voire politiquement, mais ils et elles évoluent dans les mêmes institutions, participent aux mêmes jurys de thèse et aux mêmes ouvrages collectifs (notamment De la question sociale à la question raciale ? qui rassemble des figures de chacune des deux approches).
Enfin, la moitié sud du graphique est occupée par une troisième ellipse, verticalement opposée à l’espace des positions dominantes. Elle correspond aux positions dominées du sous-champ, caractérisées par les modalités : être une femme, être jeune, avoir peu publié d’articles scientifiques ou de livres, et ne pas écrire de tribunes. Y domine une approche « par la migration », comme l’indique l’appartenance à l’Urmis, à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis ou à Paris 7. Les objets d’étude sont les migrations et les relations interethniques ; les publications se font principalement dans des revues spécialisées comme la Revue européenne des migrations internationales ou Hommes et Migrations. On y trouve également d’autres objets d’étude considérés comme peu prestigieux ou légitimes, voire « nouveaux », comme le genre, les rapports sociaux de race ou l’intersectionnalité, notamment à travers des approches anthropologiques. Cette légitimité moindre des objets participe également à une disqualification des chercheur·se·s de cet espace. Comparant sociologie du racisme et sociologie du genre, l’un·e de nos enquêté·e·s, qui bénéficie d’une position institutionnelle et académique dominante et se situe ainsi dans le haut du graphique, dit ainsi :
« Je fais exactement les mêmes critiques à la sociologie du genre [qu’à la sociologie du racisme, ndla]. Elle m’ennuie. Je ne dis pas qu’elle n’est pas intéressante, mais c’est comme toute sociologie, quand elle est routinisée et qu’on montre les effets différenciés garçons-filles… […] Pour éviter d’être caricatural et caricaturé, je dirais que c’est normal (parce qu’il y a un retour en arrière aussi à ce niveau-là) que de jeunes sociologues femmes soient à leur manière militantes et fassent des expériences. »
Dans cette ellipse sud, l’engagement politique est localisé – par exemple pour les sans-papiers – et ne passe pas par l’expression médiatique grand public. Si ces positions dominées d’outsiders ou de nouveaux et nouvelles entrant·e·s correspondent évidemment à un effet d’âge, elles peuvent également être appréhendées à travers un effet de génération, correspondant à l’apparition et à l’institutionnalisation de nouveaux paradigmes et d’objets d’étude.
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Dans cette cartographie du sous-champ de la question raciale, on notera qu’il n’existe pas de groupement statistique correspondant à une approche constructiviste de la question raciale, qui interrogerait le fonctionnement systémique et relationnel du racisme dans la France métropolitaine contemporaine. Lorsqu’on travaille sur des terrains en France métropolitaine contemporaine, l’approche est alors majoritairement color-blind, c’est-à-dire « classique » (par la classe ou bien par la mesure statistique), et si l’on adopte une approche « explicite », alors les terrains d’étude sont la plupart du temps historiquement ou géographiquement lointains. On peut faire l’hypothèse que ces « nouveaux paradigmes » sont encore en voie d’institutionnalisation, qu’ils ne disposent ni des laboratoires dédiés, ni des revues spécialisées permettant de rassembler les chercheur·se·s ou les publications et de gagner les positions influentes du sous-champ.
Ces institutions académiques (université, laboratoire, revue) jouent en effet un rôle prédominant dans la structuration de cet espace, à travers un jeu de positionnement réciproque et de concurrence pour l’audience scientifique ou les financements publics. Elles sont également partie intégrante des stratégies développées par les chercheur·se·s dans la lutte pour l’autorité scientifique et pour l’imposition de paradigmes et d’objets d’étude dans le domaine de la question raciale – en tant qu’elles déterminent en partie les formes et les volumes de capital auxquels chacun peut prétendre : la légitimité institutionnelle liée à des postes universitaires élevés dans des institutions reconnues (directeur·rice d’études à l’EHESS, plutôt que maître·sse de conférences dans une université de province), la légitimité académique liée à la publication dans de grandes revues, mais aussi l’audience publique, médiatique et politique. Les positions dominantes du sous-champ sont largement caractérisées par un fort accès aux moyens de diffusion éditoriaux, qu’il s’agisse de publications strictement scientifiques ou généralistes, d’essais dans des maisons d’édition prestigieuses ou de tribunes dans de grands quotidiens nationaux. L’importance de ces variables dans la structuration du champ est sans doute le signe de sa faible autonomie, et explique la proximité dans l’espace supérieur du graphique de profils très différents : des directeur·rice·s d’étude et des professeur·e·s inséré·e·s dans le monde académique, des maîtres·ses de conférences ou chargé·e·s de recherches avec une activité péri-académique, militante et médiatique importante, ou d’ex-chercheur·se·s publiant majoritairement des essais et des tribunes politiques. La lutte pour l’autorité scientifique se décline ainsi dans plusieurs lieux, chacun·e choisissant l’arène la mieux adaptée à ses capitaux.
Les travaux sur la question minoritaire, la racialisation ou le postcolonial demeurent des domaines de « niche », largement circonscrits à des revues et des espaces académiques propres, considérés comme des objets scientifiques à la légitimité discutable et bénéficiant d’une faible audience dans le champ académique comme dans l’espace public – à l’exception de quelques productions vulgarisées. Les approches qu’ils mettent en œuvre ne sauraient cependant être qualifiées de marginales, puisque l’on constate qu’elles sont développées de manière concomitante, voire concurrentes, par des personnes aux positionnements très différents dans le sous-champ. Si les travaux correspondant à des approches dites « nouvelles » et « anglo-saxonnes » de la question raciale (prisme minoritaire, intersectionnalité, point de vue situé, etc.) – regroupées dans la modalité « vocabulaire des rapports sociaux » – apparaissent au sud du graphique, dans la partie dominée de l’espace, on constate que c’est en réalité par le haut qu’elles entrent dans le sous-champ. C’est ce qu’indique la position dans l’espace dominant des livres De la question sociale à la question raciale ? et Les nouvelles frontières de la société française, qui participent à légitimer ces approches ; mais également les acteurs et actrices principaux·les de cette entreprise de légitimation : Éric et Didier Fassin, Elsa Dorlin et Christine Delphy. L’approche minoritaire est ainsi défendue à la fois par les frères Fassin et par des chercheur·se·s de l’Urmis[25], aux positions dominées. De même, les travaux sur la racialisation et l’ethnicisation se développent de concert, s’appuyant sur des principes identiques d’analyse des processus d’assignation des racisé·e·s, les notions étant parfois quasi substituables.
Je fais l’hypothèse que le maintien de ces thématiques dans l’ellipse sud du graphique est révélateur autant de leur caractère dominé que des caractéristiques des individus qui s’en saisissent : très diversifiés, ils et elles sont le plus souvent de jeunes chercheur·se·s en début de carrière, profitant des héritages pluriels du domaine des relations interethniques, des travaux anglophones et d’une approche minoritaire « à la française ». On pourrait faire l’hypothèse que les chercheur·se·s travaillant sur ces thématiques progressent moins vite sur l’échelle des grades universitaires, mais on peut y voir également un effet de génération annonciateur d’une transformation de la polarisation du sous-champ dans les années à venir, comme en fait l’hypothèse cet·te enquêté·e positionné·e dans cette ellipse sud :
« Dans les mondes académiques que je fréquente, eu égard à des phénomènes de circulation académique, qui sont plus intenses qu’il y a vingt ans, par lesquels les séminaires donnés par les collègues américains, britanniques, etc. sont monnaie courante, il y a une espèce de familiarisation avec ce vocabulaire honni. Il suscite moins aujourd’hui les hauts-cris – je parle du monde académique bien entendu – qu’il y a quelques années. Je lisais il n’y a pas longtemps l’interview d’un collègue historien, qui était l’un des plus hostiles à cette idée-là et qui, dans l’interview, disait : “moi je dis ça, mais certains parlent de race”. C’était une manière de dire : ce n’est pas mon vocabulaire, mais il est là. J’ai l’impression qu’il y a une sorte d’installation, bon gré mal gré, qui profite aussi d’un fait que je pourrais presque qualifier de générationnel, à savoir que les partisans de l’utilisation de cette catégorie d’analyse sont – étaient – globalement plus jeunes. »
La nouveauté de vocabulaire et de concept apparaît comme un outil de distinction et de positionnement pour chaque nouvelle génération de chercheur·se·s se pliant aux règles du jeu scientifique (« Moi, depuis que je suis dans le circuit, et ça fait un certain temps, j’ai toujours entendu ces questions de “classe/genre/race”, ce n’est pas du tout nouveau. […] C’est de la publicité pour la pensée » explique par exemple un tenant de l’approche classique). Il ne s’agit cependant pas uniquement d’acquérir de la visibilité : revendiquer le caractère novateur des approches mobilisées est également une stratégie des outsiders qui, s’ils et elles ouvrent des domaines d’étude, ne sont souvent pas les mieux placé·e·s pour y occuper les positions dominantes. Cette stratégie peut cependant s’avérer coûteuse, tant la légitimité scientifique de ces approches est mise en cause : la décrédibilisation ou l’éviction de leurs promoteur·rice·s sont finalement susceptibles de profiter aux insiders, qui n’ont pas eu à payer le coût de leur introduction dans le champ. Dans ce contexte, « ce sont précisément ceux qui ont tout fait pour que ça n’arrive pas qui finissent par s’en emparer et obtenir, grâce à ça, les attestations et les renforcements statutaires et institutionnels qui ont été refusés auparavant à celles et ceux qui avaient eu la mauvaise idée de proposer ces idées » constate un·e enquêté·e. En effet, face à la normalisation des approches minoritaires et processuelles, les insiders du sous-champ réagissent : puisqu’il n’est plus possible de disqualifier le caractère scientifique de travaux qui commencent à être publiés dans des revues de sociologie généralistes[26], ni d’endiguer l’effort conjugué de chercheur·se·s et de militant·e·s de reformulation de la question raciale, certain·e·s ont adapté leurs objets de recherche en intégrant des dimensions de ces nouvelles approches (« Que Noiriel travaille sur le clown Chocolat, ce n’est pas un hasard » affirme ainsi l’un·e de nos enquêté·es[27]). Cet investissement se traduit également par exemple dans les directions de thèse : on constate que les personnes en position dominante sur le graphique, et en particulier celles et ceux dont la question raciale n’est pas le cœur de métier, ont dirigé ou dirigent désormais de nombreux·ses doctorant·e·s sur un thème de ce domaine d’étude – y compris quand ils et elles refusent de s’en revendiquer de manière explicite.
Ces changements de génération correspondent aussi à un changement de population chez les étudiant·e·s et les chercheur·se·s travaillant sur la question raciale. Les jeunes chercheur·se·s qui se saisissent de ces nouveaux paradigmes – qui interrogent volontiers la position située du scientifique – sont plus souvent issu·e·s de populations minoritaires que ne l’étaient leurs aîné·e·s. Ce qui pousse par exemple l’un des enquêté·e·s – chercheur masculin, blanc et établi, tenant de l’approche « explicite » – à dire : « Je pense que dans dix ans, ma position deviendra plus compliquée – et je trouve ça bien. […] Il y en a déjà qui trouvent bizarre ce que je fais là. Et c’est une question légitime. Mais je me réjouis que ça bouge. » Si la plupart des enquêté·e·s constate une évolution certaine du champ depuis une quinzaine d’années, le graphique indique bien la persistance des approches classiques et le cantonnement des nouveaux paradigmes à des niches à la fois académiques et institutionnelles : la faiblesse de leur assise académique, la relégation disciplinaire à la marge des sciences sociales ou, institutionnelle, dans les échelons inférieurs de l’Université, expliquent en grande partie cette domination. C’est ce qu’indique en creux cet·te enquêté·e :
« Il faut trouver des formes d’institutionnalisation qui soient faisables dans le contexte d’austérité. De ce point de vue-là, on peut se fixer un idéal : l’idéal ce serait d’avoir un centre de recherche, une UMR CNRS, avec l’argent qui va avec. Avoir des professeurs, des directeurs de recherches CNRS sur ces questions. Des revues qui soient l’équivalent des Cahiers du genre sur les questions raciales. […] L’idéal ce serait d’avoir des formations en master et dans les écoles doctorales, d’avoir des rubriques dans les revues scientifiques, d’avoir des collections dans des maisons d’édition comme La Découverte, etc. Mais ça… »
Si la question raciale ne semble pas près de devenir un champ d’étude légitime, son institutionnalisation a bel et bien commencé. Les chercheur·se·s qui optent pour une approche explicite et systémique des questions liées à la race et au racisme voient leurs recherches financées (depuis 2015, Patrick Simon dirige un projet ANR « Global Race »), font connaître les corpus dans lesquels ils et elles s’inscrivent (Hourya Benthouhami et Mathias Moshel ont traduit les textes fondateurs de la Critical Race Theory en français[28]), ou enseignent leurs travaux au sein de l’Université (Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed ont animé le premier séminaire sur l’islamophobie, à l’EHESS entre 2011 et 2014). Cette dynamique, accentuée par un effet de génération et par la part croissante d’étudiant·e·s issu·e·s de populations minoritaires à l’Université, alimente la riposte contre ces chercheur·se·s, leurs choix théoriques et leurs motivations supposées. Cette riposte, qui est en partie la manifestation d’une lutte pour l’autorité scientifique et les positions académiques, a ceci de particulier qu’elle ne prend que rarement la forme d’un débat scientifique, et ne suit pas les règles du jeu habituelles du champ. Au contraire, elle s’exporte dans d’autres espaces sociaux – public, médiatique et politique – où, pour l’instant, l’accusation de « racialisme » paraît dispenser de toute argumentation scientifique.
[1] Frantz, Fanon, Peau noire, masques blancs, in Œuvres, La Découverte, 2011, p. 249.
[2] Voir l’article d’Audrey Célestine, Abdellali Hajjat et Lionel Zevounou dans ce dossier.
[3] Colette Guillaumin, L’idéologie raciste, 1972.
[4] Pierre Bourdieu, « Le champ scientifique », Les Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 2, 1976, pp. 88-104.
[5] Ibid.
[6] Fréderic Lebaron, « La dénégation du pouvoir. Le champ des économistes français au milieu des années 1990 », Les Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 119, 1997, pp.3-26.
[7] L’échantillon a été construit par une méthode « boule de neige », partant de la composition de laboratoires, de séminaires et d’ouvrages collectifs abordant des objets liés à la question raciale, puis s’élargissant grâce aux bibliographies ou conseils des enquêté·e·s. Il n’est pas limité à la définition strictement académique des « chercheur·se·s », prenant au sérieux le rôle que jouent dans le champ les profils atypiques, comme Pascal Blanchard par exemple, qui dirige une agence en communication et muséographie historique, mais s’en tient aux individus ayant produit des travaux à vocation explicitement scientifique.
[8] Elles indiquent l’occurrence de travaux sur des thématiques liées : à la race, au racisme, aux discriminations, aux relations interethniques, à l’ethnicisation, aux rapports sociaux de race, à l’intersectionnalité, aux minorités, à l’immigration, aux descendant·e·s d’immigré·e·s, aux sans-papiers, à l’intégration, à la colonisation, au études postcoloniales, aux banlieues, aux ouvrier·ère·s, aux musulman·e·s, à la blanchité, aux populations roms, à l’antisémitisme, aux statistiques ethniques.
[9] Ces indicateurs ont été construits à partir d’une ACM partielle produite à l’aide des variables thématiques, qui a mis en évidence des corrélations importantes entre des terrains, des outils ou des paradigmes proches ou complémentaires. Par exemple, la variable agrégée « vocabulaire des rapports sociaux » amalgame les variables « travaux sur les rapports sociaux de race » et « travaux sur le genre », fortement corrélées.
[10] Enquête Trajectoires et Origines dirigée par Patrick Simon, Ined et Insee, 2009.
[11] Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine, créée en 1989.
[12] Participation au séminaire « Politiques antidiscriminatoires » de Science Po Paris.
[13] Pétition « Statistiques contre discriminations », Le Monde, 12 mars 2007.
[14] Pétition contre le ministère de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, Libération, 22 juin 2007.
[15] La variable prend la modalité « AERES max » si la majorité des articles publiés le sont dans une revue certifiée par l’Aeres, l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
[16] Revue française de sociologie, Actes de la recherche en sciences sociales, Vingtième siècle, Annales HSS, Revue française de sciences politiques, Revue française de pédagogie, Genèse, Politix, Société contemporaine.
[17] Esprit, Vacarme, Multitudes, Critique, Lignes, Débat, Temps modernes.
[18] Variable agrégée comprenant les travaux sur l’intégration, les discriminations et les descendant·e·s d’immigré·e·s.
[19] Variable agrégée comprenant les travaux sur la colonisation, la post-colonisation et la notion de race.
[20] Pour un exemple de cette tradition, voir l’ouvrage de Michèle Tribalat, Faire France. Une enquête sur les immigrés et leurs enfants, publié en 1995.
[21] L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
[22] Ils sont identifiés statistiquement : il s’agit de trois nuages de points – chaque point représentant un individu – dont les membres possèdent plus de caractéristiques communes entre eux qu’avec tous les autres. Les points ne sont pas représentés, pour faciliter la lecture du graphique, mais seulement les ellipses à l’intérieur desquelles ils se situent.
[23] Comité pour la mesure et l’évaluation de la diversité et des discriminations, créé en 2009 et présidé par François Héran.
[24] Les modalités « travaux sur les musulmans » et « travaux sur les banlieues » ont été supprimées du graphique à cause de leur trop grande proximité, pour favoriser la lisibilité.
[25] Nicolas Jounin, Élise Palomares, Aude Rabaud, « Ethnicisations ordinaires, voix minoritaires », Sociétés contemporaines, n°70, 2008.
[26] La revue Sociologie a, par exemple, publié un numéro consacré à l’islamophobie en 2014, « Sociologie de l’islamophobie », Sociologie, n°1, vol 5, 2014.
[27] En faisant référence à : Gérard Noiriel, Chocolat clown nègre. L’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, paru en 2012.
[28] Critical Race Theory. Une introduction aux grands textes fondateurs, Dalloz, 2017.