Madame la Maire,
Nous avons appris avec stupéfaction que vous aviez déprogrammé la participation de la journaliste et militante féministe et antiraciste Rokhaya Diallo à un cycle de débats sur les droits des femmes lors de la semaine du 2 mars 2015 à la mairie du 20e arrondissement. Motif invoqué : plusieurs prises de positions publiques en 2011-2012 dans lesquelles Rokhaya Diallo dénonçait le racisme et l’islamophobie d’une partie de la gauche, dont l’hebdomadaire Charlie Hebdo et la journaliste Caroline Fourest.
Les inquiétudes et les prises de positions de Rokhaya Diallo sont partagées de façon publique par un nombre conséquent de militant-e-s et d’intellectuel-l-e-s antiracistes et féministes. Elles le sont par exemple par la sociologue Christine Delphy autour de laquelle est organisé le cycle de conférences de la Mairie du 20e et que, selon votre logique, vous auriez pu aussi déprogrammer… Nous faisons partie de celles et ceux qui estimons que les efforts de ces penseuses pour articuler, dans les luttes militantes et les analyses de l’actualité, l’antisexisme, l’anticlassisme et l’antiracisme sont particulièrement indispensables dans un contexte où tant de journalistes et d’intellectuels reproduisent à l’envi le clivage entre « nous » et « eux ».
Surtout, reconnaissant votre liberté absolue à ne pas partager leurs positions, nous ne pouvons rester sans réaction face à l’arbitraire qui consiste à transformer votre désaccord en censure, vous qui avez affiché, depuis le 11 janvier, une banderole sur la mairie pour défendre la liberté d’expression.
Le comité de rédaction de la revue Mouvements