SANTÉ-TRAVAIL. Concilier des approches épidémiologiques et ergonomiques permet de ce point de vue de mieux comprendre les effets de genre dans l’activité humaine en situation de travail.
Souvent, les enquêtes de santé au travail européennes traitent de l’évolution de la santé de la population en fonction des conditions de travail sans distinguer les analyses selon le sexe. Or les facteurs d’exposition sont différents selon les hommes et les femmes, tout comme l’apparition des pathologies. Beaucoup de stéréotypes circulent et rendent difficile la tâche des acteurs (médecine du travail, direction d’entreprise, représentants du personnel, contremaîtres, salariés) s’engageant dans une prévention de la santé qui tienne compte de cette variable. Ainsi est-il fréquent d’entendre l’argument selon lequel les TMS seraient essentiellement associés à la ménopause chez les femmes ou au sport et au bricolage de la maison chez les hommes. Une lecture individuelle des problèmes de santé n’invite pas à comprendre des différences de contraintes de travail selon le sexe. Il est donc nécessaire de passer à des analyses statistiques collectives et des études qualitatives de terrain pour pouvoir s’engager dans des interventions de prévention des TMS prenant en compte le genre, le sexe, le travail et la santé.
Concilier des approches épidémiologiques et ergonomiques permet de ce point de vue de mieux comprendre les effets de genre dans l’activité humaine en situation de travail. Il s’agit de rendre compte de différences d’exposition liées aux facteurs de risque selon le travail des hommes et des femmes. Une partie de l’article sera consacrée à une étude empirique pour rendre compte de la pénibilité physique et morale du travail pour les femmes et les hommes, notamment dans le secteur de l’automobile. Mais avant, nous définirons le sexe et le genre pour éviter une lecture stéréotypée de la pénibilité selon le genre, et nous situerons les préoccupations de l’ergonomie sur les relations genre et travail.
Genre, sexe et travail : apports de l’ergonomie
L’ergonomie dans sa définition classique vise l’adaptation du travail à l’homme. Plus exactement, la conception d’équipement, d’organisation du travail ou de dispositif sociotechnique tenant compte de la diversité humaine dans un objectif de santé et d’efficacité. La prise en compte de l’homme dans sa diversité nécessite de trouver des conceptions adaptées au plus grand nombre, c’est-à-dire une population au travail présentant des différences de tailles, d’anthropométrie, d’âge, de sexe, etc.
Fondée sur la compréhension de l’activité de travail, de ses variabilités et des moyens de réguler individuellement ou collectivement les situations de travail, l’objectif de l’ergonomie est de transformer le travail. Comprendre les différences des modes opératoires des hommes et des femmes ou des jeunes et des anciens pour une même tâche assignée permet d’entrevoir des possibilités d’améliorer les conditions de réalisation du travail. Cependant, le constat de nos interventions ergonomiques montre que finalement peu de transformations portent sur la prise en compte du genre dans la conception des situations de travail. Ceci pose évidemment la question : « le travail a-t-il un sexe ? »
À partir d’une définition sommaire de la distinction entre sexe et genre, nous montrerons que la division sexuelle du travail intéresse l’ergonomie dans le domaine de la santé, de l’organisation du travail et des fonctionnements des collectifs. Autrement dit, les relations entre genre et travail invitent à un débat sur la gestion des risques professionnels et la conception d’activités préservant la santé.
Distinguer sexe et genre
Les rapports entre les hommes et les femmes sont sous-tendus par des représentations du masculin et du féminin qui font l’objet de redéfinitions constantes. Les catégories de genre, les représentations de la personne sexuée, la répartition des échanges dans les sociétés occidentales ne sont pas des phénomènes à valeur universelle, générés par une nature biologique commune, mais bien des constructions culturelles (Heritier, 1996). La notion de genre (gender) désigne les représentations du masculin et du féminin en les distinguant bien des catégories biologiques de sexe (Beechy, 1987, Riot-Sarcey, 1991). Dans une culture donnée, chaque sexe se voit attribuer certaines caractéristiques psychologiques, certaines activités, certains rôles et statuts sociaux. Le « genre » ne peut se comprendre que dans la dynamique des « rapport sociaux de sexes ». Ce rapport de sexe se construit aussi bien dans la sphère privée et domestique que dans la sphère publique et professionnelle.
Division sexuelle du travail
La division sexuelle du travail est déjà bien traitée par les sociologues depuis les années 1980 (Kergoat, 1984 ; Maruani, Nicole, 1989). « Travail de femmes, travail d’hommes… travail de bureau, travail à l’usine… travail dans la confection, travail dans la chaudronnerie… toute la société se représente le travail des unes et des autres comme différent » (Kergoat, 1995). Non seulement le travail est différent, mais il semble naturellement l’être. Les femmes n’ont-elles pas plus de dextérité et les hommes plus de forces ? Les femmes sont plus assignées à un travail domestique ou qui demande du soin, les hommes aux travaux durs, fatigants, salissants, dangereux.
Or, cette division sexuelle du travail et les stéréotypes qui y sont associés ne reflètent pas la réalité des conditions de travail selon le genre. Citons un exemple pour le travail ouvrier dans le secteur industriel :
caractéristiques des postes occupés par des hommes | caractéristiques des postes occupés par des femmes |
en début de la chaîne de production | en fin de la chaîne de production |
rythme de travail déterminé par le processus | rythme de travail imposé par le supérieur |
travail sur un processus | travail sur une machine |
temps de cycle moyen (10-30 minutes) | temps de cycle très court (10sec – 1 minute) |
possibilités de se déplacer | aucune possibilité de se déplacer |
charge physique très lourde | charge physique moyenne |
ambiance physique pénible | ambiance physique moyenne |
plusieurs opérations à effectuer | répétitivité des tâches |
régulations collectives possibles | régulations individuelles possibles |
(Gonick, Ollagnier, 2007)
On remarque dans cet exemple que les femmes ont moins d’autonomie que les hommes, des sollicitations biomécaniques plus fortes et un faible soutien par le collectif en cas de difficultés dans leur travail.
La répartition du travail est bien évidement liée à des exigences physiques, des horaires de travail et des possibilités de travail collectif différentes entre les hommes et les femmes (Messing, Chatigny, 2004). Mais l’ergonomie doit comprendre en quoi les différences de mise en œuvre de modes opératoires selon le genre interrogent l’adaptation des postes aux caractéristiques de ces hommes et ces femmes. Comment les postes sont-ils conçus ? Les stéréotypes ou les avatars utilisés par les ingénieurs des bureaux des méthodes (relevant la plupart du temps d’anthropologie de l’homme moyen, fondés sur une idéal-typique du travailleur) créent des tâches inégales pour les hommes et les femmes. Le cumul de contraintes chez les femmes dans certaines situations est à l’origine de phénomènes d’exclusion avec des risques de chômage ou de dégradation de la santé (Molinié, 2001).
Parcours différencié selon le genre
Cette question de la conception du travail rencontre deux autres préoccupations relatives à cette division sexuelle du travail :
l’évolution du marché du travail avec l’existence de deux types de marché du travail ;
la dynamique des parcours professionnels et activité de conciliation vie professionnelle et familiale.
L’évolution du travail est marquée depuis quelques années par une intensification du travail, qui se traduit par une activité hâtive (être obligé de se dépêcher, ne pas pouvoir faire la prestation avec qualité, etc.) et des horaires atypiques (Gollac, Volkoff, 2000). Les parcours professionnels sont davantage morcelés : plusieurs emplois courts et emplois longs, entrecoupés de périodes de chômage, d’inactivité ou d’activités à temps partiel (enquête SIP). Deux types de marché cohabitent : l’un plutôt stable avec des marchés bien identifiés permettant des emplois permanents, l’autre incertain soumis à la concurrence avec des emplois précaires. Les hommes sont plus souvent sur ce premier marché (industrie de nouvelles technologies, etc.) et les femmes sur le second (emplois familiaux, etc.). La formation est qualifiante sur le marché primaire avec des conditions de travail soutenues par des organisations syndicales. Les horaires atypiques sont symptomatiques du marché secondaire et sont une caractéristique de l’emploi des femmes, rendant difficile la gestion de la sphère familiale et l’accès à la formation (Théry, 2006).
Lorsque le parcours est maîtrisé et qu’il permet des passages aisés d’un emploi à un autre dans des objectifs de développement de compétences ou de carrière, on observe malgré tout des différences entre les hommes et les femmes dans la gestion de l’itinéraire. L’activité de conciliation entre la sphère professionnelle et la sphère familiale reste coûteuse pour la femme du fait de la charge de travail domestique et du temps de transport travail-domicile contraint par la sortie de l’école des enfants (Méda, 2005). On parle communément de la double journée des femmes. Même si le couple moderne tend à rompre avec le modèle traditionnel de division des tâches domestiques selon le genre, l’accumulation des contraintes personnelles ou professionnelles conduit les femmes à vivre un phénomène de « double absence » (Barthe, Quéinnec, 2006). L’ergonomie gagnera à analyser toutes ces contraintes qui régissent le rapport à une fonction et un poste de travail dans l’entreprise, mais aussi toutes les stratégies mises en œuvre pour permettre à l’entreprise de les reconnaitre et de les soutenir.
Conditions de travail et santé selon le sexe
Les constats issus des enquêtes
La santé au travail est une de nos préoccupations d’ergonome, mais inclure la question du genre constitue là encore un vecteur important pour mieux comprendre l’activité humaine en situation de travail. Selon une enquête du CREAPT en collaboration avec des médecins du travail (Niezborala et al., 2008), les femmes ont relativement plus de douleurs, de fatigue et de difficultés à récupérer que les hommes aux âges élevés (plus de 50 ans), sauf pour les troubles auditifs, les contraintes temporelles et les difficultés liées à certains mouvements. Il faut sans doute tenir compte du fait que « le conditionnement social, qui est celui des hommes et des femmes, diffère profondément pour tout ce qui touche aux questions corporelles, en particulier pour tout ce qu’il est permis de faire et de ne pas faire, d’exprimer ou non quand il s’agit de plaintes et de sentiments marqués par la crainte, la peur et la faiblesse » (Aïach, 2001, p.139).
Néanmoins, il semble bien que la pénibilité physique soit d’un autre ordre chez les femmes que chez les hommes (Gollac, Volkoff, 2000) – moins d’efforts physiques et de risques professionnels reconnus, moindre autonomie et travail collectif moins présent – et contribuent à expliquer les inégalités de santé (Bué, 2004). Même si la pénibilité physique apparaît moindre chez les femmes, beaucoup de troubles de santé féminins restent non reconnues et invisibles. Ceci nous ramène à l’invisibilité du travail des femmes. Cette expression est particulièrement portée par les chercheures québécoises qui ont écrit des ouvrages sur ce thème et ont même dénommé leur groupe de recherche interdisciplinaire (ergonomie, sciences juridiques) sur travail, santé et genre : « L’invisible qui fait mal » (Messing et al., 1995). Une bonne part « invisible » du travail des femmes vient du manque de problématisation sur ce thème en tant que tel (« la science est-elle borgne ? », Messing, 2000), et d’une non prise en compte des répercussions néfastes sur la santé physique et psychique.
Risques de TMS différenciés selon le sexe
Selon le réseau de l’INVS de surveillance épidémiologique des TMS (Roquelaure et coll., 2005), une exposition plus importante aux risques est observée chez les femmes, en France, dans sept secteurs d’activité : fabrication de machines de bureau et d’informatique, services personnels, industrie alimentaire, agriculture, commerce de détail, hôtellerie et restauration, santé et action sociale. Chez les hommes, un excès de risque est observé dans huit secteurs d’activité : métallurgie, carrières et sablières, industrie automobile, fabrication de meubles, industrie du cuir et de la chaussure, industries alimentaires, construction et travail des métaux.
Une division sexuelle du travail que l’on retrouve également dans les professions conduit à des expositions différentes jouant notamment sur la prévalence des TMS. Il existe des analyses de données sur des métiers, liés à un secteur d’activité, traditionnellement occupés par l’un des deux sexes. Par exemple, l’étude des risques de lombalgie chez les hommes parmi des groupes de travailleurs à EDF-GDF (cohorte GAZEL- Leclerc, 2002) montre que les facteurs professionnels « rotation du tronc » et « penché en avant » sont associés à des lombalgies et que « conduire plus de deux heures par jour » est associé à de la sciatique. Dans une profession féminine, comme les soignantes, la prévalence des TMS est associée à la manutention de patients et à des facteurs organisationnels. Une comparaison est possible et oriente la prévention vers une prise en compte différenciée du rapport au travail selon le sexe. Mais peu de ces études comparent les facteurs de risque selon le sexe pour un poste identique.
Étude ergonomique et genre
Une prise en compte indirecte du genre dans les études ergonomiques
Rares sont les études qui traitent directement d’une demande sur le sexe et le genre en entreprise. En revanche, les interventions ergonomiques approchent des sujets, qui nécessairement amènent à se poser des questions sur cette thématique. C’est par exemple le cas des études sur les horaires atypiques (Prunier-Poulmaire, Gadbois, 1998), ou les relations travail et hors travail, sur les métiers des soignants et les activités de relation de service (Villatte et al., 1993, Caroly, Weill-Fassina, 2007), sur les métiers du BTP et du rapport aux risques et au collectif de travail (Cru, Dejours, 1983), etc.
Une intervention ergonomique sur la prévention des TMS et le genre dans le secteur de l’automobile
Les approches ergonomiques dans l’entreprise donnent des résultats complémentaires à des analyses épidémiologiques. Nous prendrons un exemple d’intervention ergonomique sur la prévention des TMS, qui pose des problématiques de santé différentes selon le genre. Il s’agit de rendre compte à travers cette étude du déni du risque chez les hommes et chez les femmes dans l’industrie automobile. La demande d’intervention de l’entreprise, fabriquant des pare-soleils de voiture, portait sur la construction de données de santé pour mieux évaluer les postes à risque et mettre en œuvre une prévention des TMS (Caroly, Schweitzer, 2007). L’objectif de cette intervention était d’accompagner l’entreprise vers une conception des postes et des lignes d’assemblage produits visant à diminuer les sollicitations physiques et la charge mentale.
On constate d’abord une division sexuelle du travail dans cette entreprise : les hommes sont affectés au travail sur les presses à injection de polypropylène expansé, où la manutention de charge est élevée, et les femmes jeunes se trouvent aux tâches de finition, où la dextérité gestuelle est forte. La perception des acteurs impliqués dans le dispositif de prévention était que les femmes étaient soumises à plus de facteurs d’exposition au risque TMS que les hommes. Effectivement, les premières maladies professionnelles et les demandes d’aménagement de poste suite à des restrictions d’aptitude délivrées par le médecin du travail étaient apparues dans le secteur de la finition. Pourtant, un jeune homme, récemment recruté sur les postes de presses avait lui aussi développé un TMS au grand étonnement des acteurs, notamment du DRH et du directeur industriel. Ce cas isolé chez les hommes conduisait à faire circuler une étiologie des TMS du côté des fragilités individuelles plus que des conditions de travail et des facteurs organisationnels. Notre démarche d’intervention a été donc de donner des éléments de compréhension aux acteurs sur l’activité de travail, la conception des postes et les aspects de collectifs de travail. Rendre compte de l’activité a facilité une prise de conscience des risques réels des hommes et des femmes.
La main-d’œuvre est composée de 222 opérateurs, dont 166 femmes, répartis sur douze lignes d’assemblage et six îlots de presses. L’âge de la population est plutôt jeune car l’entreprise vient d’embaucher récemment suite à une augmentation de l’activité de production. Mais il y a 16% de turn-over. Les tâches sur les machines de presse consistent à placer des inserts dans un moule, à sortir le pare-soleil une fois l’injection faite et à le contrôler avant de le déposer sur un rack. Les tâches de finition sont multiples : déroutage, insert d’un fil électrique, dépose du miroir, nettoyage, contrôle qualité. Chaque tâche correspond à un poste organisé dans une chaîne de finition. Certaines lignes sont automatisées.
La méthodologie repose sur une approche classique d’observation ergonomique et un questionnaire santé et exigences des tâches. Le questionnaire sur l’évaluation du risque TMS développé par Y. Roquelaure (2001, 2002) rend compte d’indicateurs de santé physique, mentale et des facteurs psychosociaux. Les différences entre les hommes et les femmes ne concernent pas les sollicitations biomécaniques (cf. figure 1) mais davantage la pression temporelle et la dépendance organisationnelle (cf. figure 2). Les femmes sont davantage soumises à une cadence et travaillent dans des îlots de production qui prônent la chasse aux encours entre les postes, produisant une forte dépendance aux collègues. Cette différence d’exposition au risque conduit à de multiples localisations de douleurs pour les femmes (figure 3).
Il n’y pas de différence significative entre les hommes et les femmes sur les douleurs aux épaule/bras (p=0,3), coude/avant bras (p=0,2) et doigt (p=0,1). Par contre, les femmes souffrent davantage de douleur aux main/poignet (p=0,02) et nuque/cou (p=0,01) que les hommes (figure 4).
Les actions mises en œuvre dans l’entreprise pour améliorer la production étaient axées sur la conception de nouvelles presses chez les hommes et la rotation obligatoire pour les femmes toutes les deux heures. Les observations ergonomiques montrent en réalité que ces actions sont antinomiques avec la prévention de la santé : l’ensemble des quatre nouvelles presses est éloigné, obligeant les hommes à faire plus de déplacement pour gérer l’îlot de production. De plus, les presses se trouvent à une hauteur inférieure à 80cm, provoquant des flexions du tronc en avant lorsque l’ouvrier place les inserts dans l’empreinte du moule. Pour les postes de finition, la rotation toutes les deux heures n’est pas véritablement observée sur les lignes. Pour atteindre les objectifs de production, l’ouvrière la plus performante réalise la tâche en début de ligne (déroutage du PVC). Les possibilités d’apprendre sur ce poste sont donc limitées. Ce qui revient à produire des solutions non adaptées par rapport aux besoins des hommes et des femmes dans l’activité de travail.
Ainsi, l’étude ergonomique, couplée avec des données épidémiologiques, a-t-elle permis de sortir d’un déni des risques TMS pour les hommes, et de mieux comprendre les risques relatifs aux facteurs psychosociaux pour les femmes ayant pour conséquences une aggravation des TMS. L’intervention a abouti à diverses préconisations techniques et des actions ont été engagées par les services méthode et industrialisation pour enrichir le cahier des charges d’achat de machines et de conception de nouvelles lignes de fabrication avec des critères ergonomiques. Actuellement, l’entreprise, confrontée à une augmentation des postes aménagés pour des restrictions d’aptitude, cherche à affecter les femmes sur des postes de conduite de ligne automatique, habituellement occupés par des hommes, ce qui implique de repenser la conception des postes de travail et la formation en fonction des caractéristiques de ces femmes.
Nous retiendrons de cette étude que les femmes sont davantage exposées à des facteurs de risques que les hommes. Mais ces résultats montrent aussi que la perception des acteurs (DRH, DG, responsable méthode, syndicats, médecin du travail) sur les risques de TMS est déformée selon une division sexuée du travail. La prise de conscience des risques pour les femmes et pour les hommes a permis d’élaborer une prévention plus adaptée aux caractéristiques de la population au travail. La prévention des risques dépend de la construction de marges de manœuvre selon le genre, facilitant la mise en œuvre de gestes protecteurs pour la santé et des modes d’organisation du processus technique.
Conclusion
S’intéresser aux conditions de travail et la santé selon le genre et le sexe dans une approche ergonomique invite à agir sur les stéréotypes de sexe et de genre des acteurs de l’entreprise par rapport à la conception de la situation de travail, favorisant le bien-être et l’efficacité pour tous. Il existe des différences de contraintes d’exposition selon les hommes et les femmes liées à la division sexuelle du travail, qui ont des effets différenciés sur la santé des hommes et des femmes. Depuis deux ans, un groupe de chercheurs européens en ergonomie, soutenu par un comité technique de l’association internationale d’ergonomie, organise des séminaires scientifiques pour mieux définir la façon dont l’ergonomie peut croiser les questions de recherche sur les relations travail, santé et genre avec les résultats d’intervention portant sur le sexe et le genre. Comme nous l’avons précisé au début de cet article, le genre n’était pas une question abordée en ergonomie. Actuellement la problématique du genre en ergonomie est prise en compte, notamment en la rendant plus visible, nommée, analysée et reconnue pour les employeurs et pour la société en général.
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